La carte du covid, «une catastrophe pour Esch»
La carte du covid, «une catastrophe pour Esch»
(JFC, avec Nicolas Anen) - Dans la rue de l'Alzette, les nerfs sont à vif. Ceci après que le ministère de la Santé a publié mercredi une carte montrant que, de la fin juin à la mi-juillet, le plus grand nombre d'infections au covid-19 a été enregistré dans le canton d'Esch/Alzette. Avec 329 cas, le canton du sud est coloré de rouge foncé sur la carte. Il surpasse nettement celui de la capitale (161 cas), qui arrive en deuxième position.
Dans la Métropole du Fer, l'onde de choc ne s'est pas fait attendre. Cette publication a provoqué un déferlement de réactions dans les réseaux sociaux, allant de simples blagues inoffensives à des appels sérieux pour confiner toute la région du sud. «C'est de la pure diffamation», dit Tun De Oliveira, tenancier d'un grand salon de coiffure dans la rue de l'Alzette. Le commerçant se montre particulièrement agacé par le fait que les informations divulguées par le ministère de la Santé n'affichent pas clairement que tout le canton est concerné, et pas seulement la ville d'Esch. «Le soir même, quatre clients m'ont appelé pour annuler leur rendez-vous», regrette-t-il, histoire de bien préciser les conséquences.
Dépité, le coiffeur déclare «pouvoir juste expliquer par téléphone aux clients que nous suivons toutes les règles à la lettre.» Pas suffisant selon lui, qui constate que «les gens restent à la maison parce qu'ils ont peur». Son activité a diminué d'environ 40% par rapport à l'année dernière. Il aimerait que des contrôles soient effectués, afin de cibler quelles entreprises suivent les règles. Un peu à l'image des contrôles d'hygiène pratiqués dans les restaurants.
Le son de cloche ne diffère guère chez le bourgmestre de la Métropole du Fer, Georges Mischo (CSV): «c'est une catastrophe pour les commerçants», déclare-t-il à l'évocation de la carte et de son interprétation sur les forums Internet. Dès qu'il en a pris connaissance, l'élu eschois a demandé au ministère de la Santé les chiffres concernant précisément la ville d'Esch. Et il en ressort clairement qu'«Esch n'est pas aussi affectée qu'on le dit».
Les cas d'infection sont répartis sur tout le canton, qui abrite tout de même sept des dix plus grandes municipalités du pays. Georges Mischo ajoute que la plus grande station de dépistage du pays se trouve au rond-point de Raemerich à Belval, ce qui pourrait contribuer à gonfler les chiffres. Il n'ignore cependant pas qu'un café de sa ville a déjà dû fermer ses portes à trois reprises, pour non-respect des règles sanitaires. Bref, le bourgmestre de la Métropole du Fer est conscient que «tout le monde ne joue pas le jeu», et il se réjouit d'avoir entendu mercredi Paulette Lenert (LSAP), la ministre de la Santé évoquer l'éventualité de mesures plus dures.
Président du conseil d'administration du Centre hospitalier Emile Mayrisch (CHEM), Georges Mischo se rassure en constatant que l'établissement ne doit pas faire face à un afflux de nouvelles infections. Ce, même si un cas positif est apparu récemment au sein du personnel soignant dans le service de pédiatrie. D'après le bourgmestre, il n'y a pas eu non plus d'événement majeur à Esch ces dernières semaines susceptible d'avoir entraîné un nombre extraordinaire de nouvelles infections.
Dans le viseur des internautes figure en particulier l'organisation de la «Journée française» le 14 juillet. Nicolas Kremer, le président de l'association des commerçants eschois rétorque que «nous ne pouvons pas nous arrêter de vivre». Le même ajoute qu'«il n'y avait que quelques stands, tous les vendeurs portaient un masque et les règles de distance ont été respectées». La police a d'ailleurs effectué des contrôles en rue, alors qu'une délégation de l'union des commerçants de la capitale (UCVL) s'est même déplacée «en quête d'inspiration pour l'organisation de leur traditionnelle braderie».
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