La «carte covid» pénètre au cœur des communes
La «carte covid» pénètre au cœur des communes
(JFC, avec Jacques Ganser) - La «carte covid» dévoilée la semaine passée par le ministère de la Santé offrait une répartition des infections au pays canton par canton pour la période allant du 22 juin au 12 juillet. Nouveauté ce lundi: une nouvelle carte dévoilée par radio 100.7, et dont l'authenticité a été confirmée par les autorités, montre le nouvel outil concocté par le Statec pour le gouvernement (voir ci-dessous). Il s'agit cette fois d'une répartition des infections par code postal, toujours pour la même période de trois semaines. Il est donc possible par ce biais de retrouver la trace des infections pratiquement rue par rue.
Pour le Statec, la division par cantons ne faisait guère de sens, dans la mesure où il n'existe pas de données socio-économiques disponibles à ce niveau, alors qu'elles sont par contre disponibles pour les communes. «Sans la moindre intention de stigmatiser», le simple fait de savoir si une commune possède une structure de population jeune ou âgée, plutôt riche ou plutôt pauvre, «pourrait certainement fournir des conclusions intéressantes», affirme François Peltier, chef du département des statistiques démographiques au Statec.
Cependant, les communes étaient réticentes à l'idée de publier leurs données. Selon Emile Eicher, président de Syvicol, les bourgmestres ne connaîtraient tout simplement pas le nombre de leurs citoyens infectés. «La circulation de l'information n'a pas été bonne jusqu'à présent, mais nous espérons que le futur contact au sein du gouvernement, Frank Reimen, contribuera à améliorer cette communication entre le gouvernement et les communes», déclare le représentant du syndicat des communes.
Emile Eicher s'appuie davantage sur la communication à l'échelon local. Selon lui, les communes elles-mêmes devraient constituer le premier point de contact. «Les bourgmestres connaissent leurs administrés. Ils peuvent plus aisément aborder des problématiques spécifiques en tant qu'entité communale».
Pour rappel, la carte publiée la semaine dernière avait été l'objet de nombreuses critiques. La principale levée de boucliers était venue du canton le plus touché, celui d'Esch-sur-Alzette. Ainsi, Georges Mischo (CSV), le bourgmestre de la Métropole du Fer expliquait que cette publication représente «une catastrophe pour les commerçants eschois». Argumentant que les cas d'infection se répartissent sur tout le canton, qui abrite tout de même sept des dix plus grandes municipalités du pays, il ajoutait qu'«Esch n'est pas aussi affectée qu'on le dit». Pour rappel, avec 329 cas, le canton du sud est coloré de rouge foncé sur la carte. Il surpasse nettement celui de la capitale (161 cas), qui arrive en deuxième position.
Mais par-delà ces critiques, il est opportun de se demander ce que cette fameuse carte montre exactement et surtout ce qu'elle ne montre pas. «Seuls les habitants des cantons respectifs sont pris en compte. Les frontaliers ou les personnes extérieures au territoire concerné qui y ont été testés positifs ne sont donc pas comptabilisés», précise François Peltier.
Cependant, le statisticien reconnaît que cet outil n'est guère utile pour tirer des conclusions. Car en effet, en superposant une carte de la densité de population sur la carte des infections, se dégage une image quasi identique. «En fait, une densité de population plus élevée entraîne probablement aussi une plus grande probabilité de rencontrer d'autres personnes et d'être ensuite infecté», fait remarquer François Peltier.
Dans ces conditions, il n'est donc pas pertinent d'établir une comparaison fondée et scientifiquement valable entre les cantons. Les mouvements de la population n'ont pas non plus été pris en compte, mais ils jouent clairement un rôle dans l'apparition des infections. Par exemple, la carte ne montre pas où l'habitant d'un canton particulier pourrait avoir été infecté: lors d'un barbecue dans le nord du pays, au travail dans le centre ou lors d'une visite à la famille dans le sud.
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