«La Belgique et le Luxembourg restent très unis»
«La Belgique et le Luxembourg restent très unis»
A l'horizon 2035, quelque 62.000 résidents belges devraient franchir quotidiennement la frontière pour aller travailler au Luxembourg. Soit une augmentation de près d'un tiers par rapport aux 49.800 recensés au 1er janvier 2021, qui devrait encourager le Grand-Duché à renforcer ses liens avec son voisin belge, déjà riches de 100 ans de coopération économique.
Liés depuis 1921 par une union économique bilatérale (UEBL), la Belgique et le Luxembourg ont entretenu leur connexion au travers de réunions régulières, appelées Gaichel, lors desquelles les deux gouvernements abordent aujourd'hui des thèmes très variés. Au point que le royaume et le Grand-Duché entretiennent «une relation privilégiée, plus forte qu'avec les autres pays de la Grande Région», note Franz Clement, politologue au Liser.
Une particularité qui s'illustre surtout au travers des compensations fiscales. Travaillant et payant leurs impôts au Luxembourg, les frontaliers belges bénéficient ainsi sans payer des infrastructures de leur commune d'origine. Les compensations versées par le Luxembourg sont donc essentielles à ces communes frontalières. Ainsi en 2020, les pertes liées aux 7.730 frontaliers résidant à Arlon ont été compensées à hauteur de 7,6 millions d'euros par les subsides grand-ducaux, indiquait Paul Magnus, bourgmestre de la commune.
Sur la totalité des communes concernées, les derniers chiffres avancés par les médias belges évoquaient des compensations de plus de 90 millions d'euros. Mais au vu de la hausse du nombre de frontaliers, les deux Etats sont en négociation autour des modalités de calcul. Des annonces pourraient être faites lors de la prochaine Gaichel, prévue le 31 août prochain à Luxembourg-Ville. «Rien ne filtre pour le moment», souligne le politologue du Liser.
Cette particularité fiscale n'est pas le seul domaine de compétence qui lie la Belgique et le Luxembourg. Les deux exécutifs devraient en effet aborder lors de la Gaichel des sujets liés à la mobilité et à la coopération militaire, l'armée étant «un des exemples les plus frappants» de cette relation particulière, souligne Franz Clement.
Outre l'achat commun de matériel, le noyau dur du Benelux s'appuie notamment sur un bataillon aérien commun, basé près de Bruxelles et manœuvrant un A400M acheté par le Grand-Duché. Se voulant l'incarnation d'une «coopération européenne réussie», cette collaboration devrait être renforcée par la création d'un second bataillon binational, cette fois-ci terrestre.
La proximité du royaume et du Grand-Duché s'illustre aussi au travers de la mobilité. Hormis les projets de parking P+R à Viville ou la voie de covoiturage sur l'A6, la ligne Bruxelles-Luxembourg «témoigne d'un lien bien plus important que la simple proximité géographique», explique Franz Clement.
La connexion entre les deux capitales européennes témoigne en effet de «la volonté des deux Etats de se rapprocher», à la fois symboliquement... et concrètement. Le temps de trajet entre les deux capitales devrait en effet être divisé par deux à l'horizon 2030, si Belges et Luxembourgeois parviennent à trouver un terrain d'entente.
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