«L'Ukraine n'oubliera jamais la générosité du Luxembourg»
«L'Ukraine n'oubliera jamais la générosité du Luxembourg»
S'il y a bien une chose de bénéfique à retirer du conflit en Ukraine, c'est bel et bien l'incroyable élan de générosité de la population vis-à-vis des Ukrainiens. Soutiens financiers, logistiques, militaires et matériel, les différentes institutions mondiales continuent de jouer leur rôle, tout comme le reste de la population mondiale depuis maintenant plus d'un mois.
Ce jeudi, l'heure était aux congratulations à l'occasion d'une table ronde organisée par LUkraine. L'ASBL regroupant la communauté ukrainienne du Luxembourg est au four et au moulin depuis la fin du mois de février, afin de coordonner l'ensemble des soutiens affluant en masse. Un soutien qui ne serait pas possible sans l'aide des nombreux partenaires privés comme publics et Nicolas Zharov, à la tête de l'association, n'a pas manqué de le rappeler à plusieurs reprises.
Un témoignage poignant
A l'occasion de cette table ronde, de nombreux intervenants avaient été conviés, que ce soit sur place ou par visioconférence. «L'Ukraine n'oubliera jamais la générosité des Luxembourgeois. Votre altruisme est inspirant pour nous et cela nous donne de l'espoir pour vaincre cette peste russe (sic)», a notamment lâché un haut responsable politique ukrainien. Le moment fort de l'événement restera sans aucun doute cette intervention de Vitaliy Barabash, responsable militaire pour la ville de Avdiïvka, située dans la région de Donetsk, dans le Donbass, là où les combats font rage depuis des années. Depuis l'est de l'Ukraine, l'homme, d'un calme olympien malgré la situation, a tout d'abord envoyé ses plus sincères salutations au Luxembourg et a tenu à remercier le pays pour toute l'aide fournie jusqu'à présent.
En détails, il a très posément expliqué la situation compliquée dans laquelle lui et les siens se trouvent en ce moment même. «La phase active de la guerre a commencé il y a 36 jours mais cela fait huit ans que nous la vivons. Dans la région d'Avdiïvka, cela fait plus d'un mois que nous n'avons plus d'eau, ni d'électricité. Tous les trois jours, il y a une rupture sur nos différents réseaux. Bien que nous nous empressions à chaque fois de les réparer, elles sont toujours détruites dans la foulée.»
«La communication est difficile»
Vitaliy, visiblement épuisé mais digne, a ensuite évoqué le quotidien difficile des personnes restées sur place. «Nous devons faire face à des personnes blessées. Il n'y a aucune pharmacie et aucun magasin ouvert. Ils ont tous dû fermer leur porte en raison des bombardements. De notre côté, nous faisons notre possible pour acheminer de l'eau potable à la population. Les secours sont toutefois sur place mais la communication avec ceux-ci est difficile en raison du réseau internet et mobile défaillant», a-t-il expliqué, tout en ajoutant qu'au total, 1.500 personnes ont pu être évacuées de la ville d'Avdiïvka depuis le début du conflit. «Selon les dernières données, plus de 500 habitations dans la ville ont été détruites par les bombardements. Ces derniers débutent généralement vers 8h et peuvent durer sans interruption jusqu'à 14h.»
Le responsable militaire a ensuite dénoncé les soldats russes qui, selon lui, utiliseraient des bombes au phosphore, des bombes incendiaires dont l'usage est pourtant interdit contre des civils. «Pendant trois jours, ils ont bombardé les civils avec ces bombes. Cela fait trois jours que les pompiers luttent contre l'incendie d'un appartement à cause de cela, car le phosphore rend le feu très difficile à maîtriser. Cela fait huit ans que j'observe cette guerre et que je protège mon pays mais ce qui se passe maintenant, c'est l'enfer, rien de moins», a-t-il conclu.
Un grand besoin d'équipements médicaux
A distance, Oleksandra Kozlovska, membre du ministère de la Santé ukrainien, a de son côté expliqué que les ambulances sur place subissaient les frappes russes. «Il y a un grand besoin d'aide au niveau des équipements médicaux. Nous avons déjà reçu des tonnes et des tonnes de matériel de la part du Luxembourg mais s'il vous plaît, ne relâchez pas vos efforts», a-t-elle imploré.
Autant dire que l'ASBL LUkraine et que les responsables et coordinateurs du siège de l'Assistance Internationale pour les Ukrainiens (IAHU), aussi présents sur place, ont à nouveau réclamé des soutiens supplémentaires de la part de la population luxembourgeoise. «Votre soutien est plus important que jamais», a rappelé Hanna Krysiuk, président de l'IAHU, en charge de la coordination pour l'envoi d'aides humanitaires en Ukraine. «Nous avons besoin d'essence, de diesel, de médicaments mais également d'ambulances, de kits de premiers soins, de la nourriture, de casques ou encore de gilets pare-balles.»
Pour l'heure, notons tout de même qu'au niveau de l'aide humanitaire, c'est plus de 460 tonnes de matériel venant du Luxembourg qui ont pu être acheminées en Ukraine. En moyenne, cela fait donc un camion complet qui part chaque jour en direction de l'Est. De plus, l'ASBL LUkraine et ses partenaires sont déjà parvenus à lever une somme de plus de 750.000 euros pour l'Ukraine et ce, depuis le 24 février dernier. «Au total, ce sont près de 600 volontaires qui nous aident au quotidien, dont une centaine de manière permanente», s'est réjoui Nicolas Zharov.
«Nous aiderons à rebâtir l'Ukraine»
Lydie Polfer (DP), bourgmestre de la Ville de Luxembourg, a de son côté promis qu'elle continuerait à se mobiliser pour l'Ukraine. «Nous avons une cellule de crise avec laquelle nous nous réunissons chaque semaine pour trouver des solutions et améliorer la situation existante. Nous n'avons qu'un souhait: que cette guerre s'arrête. J'ai en tout cas fait le serment au maire de la ville de Kiev, Vitali Klitschko, que nous donnerons également notre aide pour rebâtir l'Ukraine une fois ce conflit terminé.»
Le consul honoraire d'Ukraine au Luxembourg, Claude Radoux, a de son côté insisté sur le fait que l'Ukraine a toujours besoin de soutien militaire. «Bien que l'aide du Luxembourg soit déjà très grande, cette solidarité est vraiment impressionnante. Les sanctions économiques à l'égard de la Russie doivent être renforcées et il faut désormais s'atteler à développer un plan pour l'après-guerre en intégrant l'Ukraine en Europe.»
Après des applaudissements plus que nourris à l'égard des représentants de la Croix-Rouge, de Caritas, des supermarchés Match, du Lions Club, de Luxair ou encore de Tango pour leur aide prompte, des représentants du ministère de l'Education nationale ont notamment fait le point sur l'accès à la scolarité pour les jeunes Ukrainiens réfugiés au Luxembourg. «Il faut pouvoir offrir une normalité à ces enfants le plus vite possible», a insisté Angélique Quintus, du ministère de l'Education nationale, tout en détaillant les structures mises en place pour un accueil extrascolaire notamment.
La vaccination anti-covid ouverte
Le son de cloche était similaire du côté des représentants du ministère de la Santé. «Nous souhaitons que les réfugiés ukrainiens aient accès le plus tôt possible au système de santé et de sécurité sociale au Luxembourg. Généralement, une personne arrivant au Grand-Duché doit attendre trois mois avant d'accéder à la sécurité sociale mais on espère voter une loi modifiant ce principe la semaine prochaine, tout comme modifier le remboursement des soins de santé pour eux. Un examen médical est d'ailleurs réalisé sur chaque réfugié arrivant dans le pays. Enfin, nous avons également ouvert la vaccination covid pour chaque réfugié arrivant au Luxembourg.»
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