L'ordonnance tant attendue du Dr Bettel
L'ordonnance tant attendue du Dr Bettel
Confinement en mars, état d'urgence, fermeté, puis déconfinement progressif, restrictions plus limitées au début de l'été, appel à la vigilance dès la fin juillet avant un sévère tour de vis fin octobre. La liste des prescriptions gouvernementales suit la courbe des infections. Et huit mois après le début de l'épidémie au Luxembourg, nombre d'acteurs de la santé analysent la situation d'une formule : «stabilisation à un niveau très élevé». C'est donc entre espoir et cruelle réalité que le Premier ministre a annoncé prendre la parole, ce mardi, à l'issue d'un conseil de gouvernement inattendu.
A l'exception d'un long message sur les réseaux sociaux publié vendredi dernier, Xavier Bettel (DP) ne s'est plus exprimé en public sur la situation sanitaire depuis trois semaines. Vingt jours qui devaient à ses yeux constituer un «moment de vérité» et qui se soldent par un bilan bien morose. Jamais le pays n'aura connu autant d'infections actives en un même moment (10.316); autant de victimes en un seul jour (dix en 24 heures dimanche, pour un total de 236); autant de malades infectés pris en charge dans les hôpitaux (236 en soins normaux et soins intensifs). Le virus reste présent dans les eaux usées à des seuils encore bien trop hauts pour témoigner d'un recul de l'infection.
Le couvre-feu, les limitations des hôtes reçus à la maison et autres mesures prises ces derniers temps n'auront donc pas suffi. Pas plus au Luxembourg que chez ses voisins, soit dit en passant. A croire que le covid se moque des entraves décidées par les politiques quelles qu'elles soient. Dans le même temps, difficile pour la normalité de se réinstaller, dans les familles, à l'école, dans les entreprises. Les annonces se succèdent, de règles, d'aides, de soutiens mais la reprise parait bien chaotique.
Ici les patrons s'agacent du contact tracing qui les prive temporairement de main-d'oeuvre (plus de 17.000 personnes en isolement ou en quarantaine pour briser les chaînes de contamination); là les parents d'élèves réclament plus d'assurance pour la protection des jeunes; les électeurs, eux, commencent à remettre en cause la confiance accordée jusque-là aux dirigeants. Quand ce n'est pas l'opposition qui crie au loup, craignant un possible retour à l'état d'urgence et aux décisions unilatérales d'un gouvernement ne faisant plus appel au vote des députés.
Bref, autant dire qu'il ne fait pas bon être dans le costume de Premier ministre aujourd'hui encore. Pas plus que dans la peau de la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP). Même si celle-ci garde du crédit aux yeux des électeurs, la lassitude semble parfois la guetter face à ces vagues covid successives qu'aucune initiative ne semble vouloir calmer. Alors que dire, alors que faire?
A 12h30, d'aucuns craignent que le Dr Bettel ne prescrive le remède de cheval : le confinement. «A la française» ou «à la belge» et maintenant «à l'allemande», la médication peut prendre bien des formes et cela même si Paulette Lenert a signifié qu'il n'était pas question d'«imiter aveuglément» les voisins. Mais voilà le seul appel renouvelé aux gestes barrières ou au télétravail ne suffisent plus. Pour le Premier ministre libéral, reboucler la population active (hors scolaires) n'a rien d'un geste simple. Mais élever le ton, sanctionner les particuliers encore dehors après 23h tient du placebo bien peu efficace.
Un remède indigeste
Même indigeste la potion «lockdown» pourrait être le seul moyen de préserver la population, préserver aussi le système hospitalier. Mais cela fera immanquablement tousser le commerce, l'industrie, l'Horesca et des acteurs économiques dépendant des allées et venues des clients. Seulement, parfois, il faut sacrifier un fou pour sauver son roi, diraient les joueurs d'échecs.
Alors même si Xavier Bettel a encore dans les poches de sa blouse des tests rapides à déployer ou des millions d'euros de soutien à l'économie à offrir, est-ce la bonne médication? Le Premier ministre et son gouvernement ont déjà eu mille fois l'occasion de se poser la question. Plus très longtemps à attendre avant de savoir si leur réponse a changé. Et cela alors même que l'exécutif est attendu de pied ferme à la Chambre, juste après cette allocution, pour une heure de questions d'actualité...
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
