L'opposition unie pour réclamer plus d'informations
L'opposition unie pour réclamer plus d'informations
(pj avec Michèle GANTENBEIN) Ordinairement, ces quatre-là ne défendent pas les mêmes idées. Mais, ce mercredi, c'est ensemble que les représentants des groupes d'opposition à la Chambre ont fait entendre leur voix. Celle de la colère, faute de disposer de suffisamment d'éclaircissements sur les détails de la situation sanitaire du pays et ses conséquences. Et tant pis si, quelques minutes après ce coup de sang, Xavier Bettel et Paulette Lenert prenaient la parole, le mal est plus profond.
Car si depuis trois semaines l'état de crise a redonné aux parlementaires leur pleine place dans le choix des orientations du pays, force est de constater que chaque parti de l'opposition (CSV, ADR, Piraten et Ddéi Lenk) souffre du même mal : le silence des ministres. «Mais nous ne pouvons pas tenir notre rôle car le gouvernement ne nous donne pas les informations nécessaires à une évaluation objective de la situation», résume Sven Clement, du parti Pirate.
Et Martine Hansen d’emboîter le pas, lors d'une conférence de presse commune aux quatre formations : «Le Parlement a adopté, à l'unanimité, la semaine dernière une motion dans laquelle le gouvernement est obligé de remettre immédiatement tous les modèles aux députés. Nous n'en avons obtenu aucun», s'insurge la cheffe de fraction CSV. Alors que le vote des nouveaux textes de loi est annoncé pour jeudi, aucune simulation n'a été transmise aux élus.
A défaut de données fiables, l'opposition se montre donc plus que circonspecte. Elle critique notamment le fait, soutenu par le gouvernement, que les chiffres élevés de nouvelles contaminations sont dus au nombre élevé de tests pratiqués chaque jour. Une affirmation en contradiction avec une récente analyse de l'Université du Luxembourg qui, en date du 2 juillet, signalait que cette reprise de l'épidémie pouvait bien être les prémices d'une deuxième vague.
Aussi, de l'ADR à déi Lenk, on réclame des précisions, des preuves, des faits. Est-ce que oui ou non l'énorme augmentation du nombre d'infections (encore 100 cas hier) est liée à des clusters identifiés ou parce que le covid-19 circule librement parmi la population?
Des habitants dont le député Marc Baum (déi Lenk) souhaitent justement qu'ils soient eux aussi mieux informés, «afin que tous les Luxembourgeois puissent comprendre et accepter les décisions». Mais alors que, mardi, le pays a franchi la barre symbolique des 5.000 infections, le silence persiste.
La situation est-elle toujours sous contrôle ou le train a-t-il déjà déraillé?
Sven Clement, député Piraten
Et celui qui tonne le plus fort est sans conteste Gast Gibéryen (ADR). A quelques jours de quitter ses fonctions de député, il s'emporte: «C'est assez maintenant !» Il s'insurge sur les secrets que garderaient Bettel et ses ministres sur la situation interne mais aussi sur la dégradation de l'image du pays avec ses partenaires à l'étranger. A l'entendre, le gouvernement savait déjà lundi que le Luxembourg serait déclaré "zone à risque" par certains Etats. «Et nous, parlementaires, n'en avons rien su avant mardi, et que la presse nous le dise. L'opposition est indignée de la façon dont la majorité traite le Parlement.»
Le mot de la fin revient à Sven Clement qui rappelle que le texte soumis au vote, le 16 juillet, a été rédigé voilà deux semaines. Mais, interpelle le député, depuis la situation est-elle toujours sous contrôle ou le train a-t-il déjà déraillé? Il ne lui aura fallu attendre que quelques minutes cet après-midi pour avoir un début de réponse. «Nous ne savons pas s'il s'agit d'une vaguelette ou d'une réelle seconde vague. La vague ne devient claire qu'au moment où elle commence à se briser», a déclaré Paulette Lenert, ministre de la Santé.
Si fin juin les premières lois covid n'avaient pu compter que sur les seules voix de la majorité DP-LSAP-Déi Gréng, pas sûr que le gouvernement Bettel aurait pu obtenir plus, au moment du vote des nouvelles mesures.
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