L’opposition ne veut pas d’un «état d'urgence déguisé»
L’opposition ne veut pas d’un «état d'urgence déguisé»
(DH avec Marc Hoscheid) - «Coquille vide» pour les uns, «chèque en blanc» pour les autres. Les députés de l'opposition n'ont pas mâché leurs mots lorsqu'il s'est agi de rejeter en bloc le principe de la loi covid-19 qui doit faire suite à l'état de crise après le 24 mai. C'est de concert que les représentants du CSV, de déi Lénk, des Pirates et de l'ADR ont indiqué au Premier ministre Xavier Bettel (DP) qu'ils considéraient que la loi présentée mercredi ne serait qu'une «poursuite déguisée de l'état d'urgence».
Pour Martine Hansen, la cheffe du groupe parlementaire CSV, une telle loi n'a pas lieu d'être puisqu'elle nécessiterait le recours à des règlements grand-ducaux et déléguerait «trop de pouvoir à l'exécutif». De même, et pour l'ensemble des députés de l'opposition, à l'image de Gast Gibéryen (ADR), la Chambre «reste entièrement opérationnelle» et peut très bien se réunir rapidement en séance plénière pour voter des projets de loi nécessaires à la lutte contre le coronavirus. Par ailleurs, le chef de file de l'ADR préconise que toutes les lois qui restreignent les droits fondamentaux des citoyens soient désormais adoptées à la majorité absolue du Parlement.
Une demi-surprise pour la majorité
Logiquement, les représentants des partis de la majorité ont réagi différemment au rejet de l'opposition. Le chef du groupe DP, Gilles Baum, s'est dit «surpris» que l'opposition n'ait pas fait valoir sa position auparavant. Et ce, d'autant plus, qu'une deuxième version du texte n'a pas été présentée. Josée Lorsché, cheffe de fraction écolo, s'attendait davantage à la réaction des quatre partis d'opposition. De son côté, le président du groupe LSAP Georges Engel se veut plus consensuel et dit comprendre «à la fois les préoccupations de l'opposition et la volonté du gouvernement de répondre le plus rapidement à une possible deuxième vague d'infections».
Xavier Bettel, qui ne s'est pas présenté avec Paulette Lenert, cette dernière étant malade, a tenu à souligner qu'en aucun cas il ne voulait de «chèque en blanc», mais qu'il ne pouvait pas affirmer «quand la pandémie serait terminée». Il s'est engagé à faire le résumé des prises de position des députés à son équipe gouvernementale ce lundi avant de revenir devant la Chambre mardi matin.
Pour mémoire, une première mouture de «l'avant avant-projet de loi» avait été présentée mercredi dernier par les ministres Paulette Lenert (LSAP), Sam Tanson (Déi Gréng) et Pierre Gramegna. L'idée est de créer une loi spécifique à la crise du covid-19 - et non une loi pandémie - et de passer par des règlements grand-ducaux selon l'évolution de la situation. Cette loi est appelée à couvrir la période qui suivra la fin de l'état de crise, à partir du 24 juin.
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