L'ONU remet la pression avant la COP25
L'ONU remet la pression avant la COP25
(AFP) - C'est une mise en garde qui tombe à point nommé. La veille de la présentation des priorités du Grand-Duché pour la COP25 et à quelques jours de la mobilisation des jeunes pour le climat, l'ONU a été claire. Si le monde remet encore à plus tard les actions nécessaires pour réduire les émissions de CO2, la catastrophe climatique ne pourra plus être évitée.
Pour respecter la limite d'1,5°C de réchauffement visée par l'accord de Paris, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6% par an. Et ce chaque année jusqu'à 2030, selon le rapport annuel du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Soit un total de 55% de baisse entre 2018 et 2030.
Un objectif qui n'est pas sans rappeler celui du gouvernement de faire baisser les émissions de «50 à 55%» d'ici 2030. Pour ce faire, il peut notamment s'appuyer sur une opinion publique largement sensibilisée à la problématique du réchauffement climatique.
Tout retard au-delà de 2020 rendrait «rapidement l'objectif de 1,5°C hors de portée», prévient l'organisation. Même pour espérer limiter le réchauffement à +2°C, il faudrait réduire les émissions de 2,7% par an de 2020 à 2030.
Les émissions de gaz à effet de serre générées en particulier par les énergies fossiles ont augmenté de 1,5% par an ces dix dernières années, souligne le PNUE. Et «il n'y a aucun signe (qu'elles) atteignent leur pic dans les prochaines années», poursuit l'organe onusien. Notant le nouveau record de 55,3 gigatonnes de CO2 en 2018.
Le monde a déjà gagné environ +1°C depuis l'ère pré-industrielle, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Chaque demi-degré supplémentaire va aggraver l'impact des dérèglements climatiques. Or selon le PNUE, si les émissions se poursuivent au rythme actuel, la planète pourrait se réchauffer de 3,4 à 3,9°C d'ici la fin du siècle. A supposer que les Etats signataires de l'accord de Paris respectent leurs engagements, le mercure montera tout de même de 3,2°C.
L'ONU assure malgré tout qu'il est encore possible de rester sous +2°C, et même sous +1,5°C. Les signataires de l'accord de Paris doivent multiplier leurs ambitions par 3 pour atteindre le premier objectif, par 5 pour le second. Et ces engagements doivent être suivis d'actions immédiates. «Dix ans de procrastination climatique nous ont menés là où nous sommes», a déclaré Inger Andersen, patronne du PNUE.
Ce constat sombre envoie un message clair à quelques jours de la réunion climat de l'ONU (COP25) à Madrid. «Si nous ne prenons pas des mesures urgentes maintenant (...) nous allons manquer l'objectif de +1,5°», a insisté Mme Andersen. Alors que l'accord de Paris prévoit une révision des engagements des Etats pour la COP26 à Glasgow fin 2020, pour l'instant, seuls 68 pays se sont engagés à augmenter leur ambition, et parmi eux aucun des plus émetteurs du G20.
