L'OGBL fustige l'arrivée d'Orpea au Luxembourg
L'OGBL fustige l'arrivée d'Orpea au Luxembourg
Coup de tonnerre la semaine dernière au Luxembourg. On apprenait que la ministre de la Famille, Corinne Cahen (DP) avait validé la demande introduite par le groupe privé français Orpea en vue de l'obtention d'un agrément. Cela permettra donc au groupe actif dans l'hébergement des personnes âgées d'ouvrir sa première résidence à Merl, avant d'en ouvrir une seconde à Strassen.
Or, faut-il encore le rappeler, fin janvier, un vaste scandale visant la société privée éclatait en Europe. Des pratiques alarmantes d'Orpea étaient dénoncées dans un livre, «Les Fossoyeurs», du journaliste Victor Castanet. Ce dernier y décrivait un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont «rationnés» pour améliorer la rentabilité de l'entreprise. Et ce, alors que les séjours sont facturés au prix fort. L'ouvrage évoquait également des personnes âgées abandonnées dans leurs excréments ou laissées sans le moindre soin.
Une décision «pas acceptable»
Autant dire que l'arrivée d'Orpea au Luxembourg était vue d'un très mauvais œil. L'OGBL s'en inquiétait déjà en début d'année dernière et l'agrément provisoire délivré par le ministère de la Famille a eu tôt fait de provoquer l'indignation du syndicat. «Qu'une telle décision puisse être prise sans que ne soit pris en compte le sort des victimes de maltraitance, directement lié à la recherche incessante d'un taux de rentabilité toujours plus élevé, n'est tout simplement pas acceptable et encore moins dans le secteur des soins», déplorent-ils dans un communiqué.
Les projets luxembourgeois n'ont, selon eux, pas lieu d'être en raison de la situation financière déjà délicate du groupe. «Le groupe Orpea a annoncé début novembre l'ouverture d'une nouvelle procédure visant à renégocier sa dette avec ses créanciers en France. Cette dette s'élevait au 30 septembre dernier à 9,5 milliards d'euros. Dans ce contexte, il faut noter que l'entreprise a également déjà annoncé de nouvelles dépréciations de la valeur des actions du groupe: des pertes estimées à entre 2,1 et 2,5 milliards d'euros.»
L'OGBL estime ainsi qu'il est totalement incompréhensible que le ministère ne prenne pas non plus en compte la réalité financière du groupe dans sa prise de décision. «La situation financière du groupe risque bien évidemment d'avoir un impact direct sur les investissements au Luxembourg, et donc sur la sécurité des salariés et des pensionnaires dans ces établissements au Luxembourg. Dans un tel contexte, l'OGBL s'interroge sérieusement quant aux «garanties» demandées par la ministre au groupe Orpea concernant le traitement qui sera réellement réservé aux résidents des établissements et aux salariés. Ces garanties sont-elles vraiment suffisantes?», s'interroge le syndicat, tout en s'opposant vivement à l'ouverture de résidences pour personnes âgées au Luxembourg par le groupe Orpea.
Les projecteurs braqués sur Orpea
Car la ministre de la Famille et de l'Intégration Corinne Cahen avait, en juin dernier, envoyé une lettre à Orpea Luxembourg afin de demander des informations supplémentaires concernant le projet de maison de retraite à Merl et ainsi avoir toutes les garanties nécessaires. C'est désormais chose faite. La ministre s'est d'ailleurs justifiée sur cette décision à nos confrères de Paperjam. «Nous sommes un pays démocratique et celui qui respecte nos lois est libre de s'y établir. Mais j'ai prévenu les responsables d'Orpea au Luxembourg que tous les projecteurs étaient braqués sur eux, qu'ils étaient attendus au tournant.»
Ainsi, Orpea aura deux contrôles par an: un par le ministère de la Famille, l'autre par le ministère de la Sécurité Sociale. Les autorités interviendront «aussi de manière inopinée après des réclamations ou des signalements».
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