L'obligation vaccinale passée au crible
L'obligation vaccinale passée au crible
Il se présente sous la forme d'une série de questions. Jeudi 13 janvier, un document de synthèse a été remis aux députés. Censé aider ces derniers à préparer le débat de concertation sur l'obligation vaccinale contre le covid-19 qui aura lieu mercredi 19, ce dossier de trente pages met en perspective les stratégies adoptées par nos voisins européens.
Pour l'heure au Luxembourg, une telle mesure reste en suspens. Si les députés CSV n'ont pas caché leur impatience quant à la mise en place de l'obligation vaccinale, un bon nombre de paramètres doivent encore être définis avant d'éventuellement déposer un projet de loi. Mais avant d'arriver à l'étape de la rédaction du texte législatif, le gouvernement entend tirer des conclusions du débat de consultation.
A qui doit s'appliquer cette obligation? Aux résidents? Aux frontaliers? A partir de quel âge? Cette obligation doit-elle être universelle ou sectorielle? Dans quel ordre de priorité faudrait-il faire vacciner la population? Quand est-ce que pourraient être imposées des sanctions? Au total, 37 questions sont listées dans ce document de synthèse.
Une situation sanitaire pesante
Cette liste est introduite par un constat plus général de la situation sanitaire au Grand-Duché. Depuis le début de la pandémie, 931 personnes ont perdu la vie des suites de la maladie dans le pays. Les patients «majoritairement non vaccinés» font également peser un «risque récurrent de voir les unités de soins intensifs et les salles d'opération bloquées».
S'ajoute à cela l'épuisement des soignants exposés «à un stress supplémentaire permanent depuis de longs mois», tandis que le reste de la société peine à sortir de la fatigue socio-émotionnelle pesante. Les plus touchées restent les jeunes générations «dont les cycles scolaires et les contacts sociaux sont perturbés», mais également les seniors. La situation économique, elle, «reste précaire pour des secteurs entiers», tandis que «la charge financière pour l’État en matière de systèmes sociaux reste énorme et est insoutenable à long terme» rappelle le document mis à disposition des députés.
Document qui souligne également les problèmes juridiques que peut entraîner l'obligation vaccinale, notamment celui de la responsabilité en cas de dommages résultant de la vaccination. Contrairement aux autres vaccins, les sérums anti-covid ne bénéficient que d'une autorisation de mise sur le marché conditionnelle, délivrée par l'Agence européenne des médicaments. Les données fournies pour l'obtention de cette autorisation sont moins fournies que celles normalement requises. Les fabricants des vaccins actuellement sur le marché sont donc notamment tenus de respecter des obligations spécifiques, par exemple celle de fournir les résultats d'études plus approfondies.
En cas de problème, les fabricants de ce sérum sont donc en capacité de se dédouaner de toute responsabilité. «Cette situation laisserait l’État sans recours contre les responsables du dommage», appuie le document de synthèse.
L'avancée de la campagne vaccinale est également détaillée. Alors qu'en date du 11 janvier, 80,8% des résidents de plus de 18 ans avaient reçu au moins une dose de vaccin anti-covid, il était également estimé que 4% des adultes avaient été vaccinés à l'étranger. Les non-vaccinés étaient pour leur part 8,6% à posséder un certificat de rétablissement. Des données qui placent le Luxembourg au 18e rang européen quant à son taux de vaccination, un peu en dessous de la moyenne du Vieux Continent.
18e à l'échelle européenne
Côté vaccination de rappel, le pays s'en sort mieux. Avec 238.094 personnes ayant répondu favorablement à leur invitation à se faire ''booster'', sur 421.433 courriers envoyés, le Luxembourg se place 9e, un peu au-dessus de la moyenne européenne. Par ailleurs 70.000 résidents ont déjà pris rendez-vous pour bénéficier de cette dose complémentaire dans les prochaines semaines.
Les députés ont jusqu'au mercredi 19 janvier pour prendre connaissance de cette trentaine de pages, avant de procéder au débat de consultation sur «l’analyse de l’opportunité d’introduire une obligation vaccinale sectorielle ou universelle». Si certains organes se sont déjà prononcés en faveur d'une telle mesure, comme la Commission nationale d'éthique, d'autres experts doivent encore prendre la parole.
C'est notamment le cas de l'infectiologue Vic Arendt, du virologue Claude P. Muller, du spécialiste des maladies infectieuses Gérard Schockmel, du médecin-chef du Service national des maladies infectieuses, Thérèse Staub, et du professeur Paul Wilmes. Ce groupe de cinq experts mandaté par le gouvernement doit prendre la parole à ce sujet ce vendredi à 16 heures. Leur avis, devant également servir de boussole aux députés.
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