L'interview du Grand-Duc vient semer le trouble
L'interview du Grand-Duc vient semer le trouble
(ASdN avec Danielle Schumacher) - Voilà un peu plus d'un an que Jeannot Waringo a présenté son rapport, révélant des lacunes au sein de la Cour grand-ducale. Onze mois après la parution du document qui a fait grand bruit, le CSV a voulu en savoir plus sur l'état de la mise en oeuvre des réformes. Prise de fonction de la nouvelle Maréchale de la Cour, nouveau site internet plaçant le chef d’État au cœur des activités de la monarchie, budget clair et transparent ont ainsi été évoqués en commission parlementaire...
Pour le Premier ministre Xavier Bettel (DP), si le processus de la mise en œuvre des recommandations n’est pas encore terminé, il «est sur la bonne voie». «Je n'ai pas entendu grand-chose de nouveau», regrette néanmoins Léon Gloden (CSV), mardi après la réunion de la commission.
Selon le député, certaines questions restent en suspens, notamment au sujet du nouveau comité de coordination, en charge de la coopération entre le gouvernement et la Maison du Grand-Duc. Une chose est sûre, pour le président de la commission Mars Di Bartolomeo (LSAP), il reste une importante marge pour améliorer la «communication».
Pour moi, la monarchie doit être portée par le couple régnant
Grand-Duc Henri
Et justement, en parlant de communication, le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria Teresa ont accordé une interview, mi-février, au magazine Paris Match, à l'occasion de leurs noces d'émeraude. Outre des déclarations personnelles, le couple revient sur la récente réorganisation de la Cour grand-ducale. Interrogé sur le rôle de l'épouse du chef de l'État, le Grand-Duc Henri répond : «Nous sommes un couple, mais aussi un binôme au service du pays» avant d'ajouter que «l'apport du conjoint, en l'occurrence de l'épouse, est extrêmement important dans la fonction royale et dans la mission du chef d'Etat».
Concernant la Maison du Grand-Duc nouvellement créée, il déclare : «On a changé d'appellation pour focaliser sur la fonction constitutionnelle du chef de l'Etat, mais pour moi, la monarchie doit être portée par le couple régnant de la famille grand-ducale».
Des déclarations qui contrastent fortement avec la déclaration principale du rapport Waringo, dans laquelle aucun rôle officiel n'est prévu pour l'épouse du chef de l'État. Des propos qui ont nullement «amusé» Xavier Bettel. Ces derniers mois, le Premier ministre avait souligné à plusieurs reprises que la réforme prévue était soutenue par le Grand-Duc Henri.
Mais ces déclarations à la presse interrogent la commission sur un autre point. Car si le Grand-Duc peut librement parler des sujets purement privés, lorsqu'il s'exprime en sa qualité de chef de l'Etat, ses déclarations doivent être approuvées par le gouvernement. Or, si l'entretien relève de questions essentiellement personnelles, les deux passages dépassent clairement la sphère privée.
Or, le Premier ministre Bettel n'aurait pas été informé, comme il aurait dû l'être, confirment plusieurs sources. L'entretien n'a pas non plus été discuté avec le bureau de la Maréchale de la Cour, pourtant responsable de la communication interne et externe du Grand-Duc.
De son côté, Jeannot Waringo a pris note de l'interview dans Paris Match avec incompréhension. L'ancien haut fonctionnaire s'est ainsi dit surpris, mais surtout déçu; les déclarations du Grand-Duc allant à l'opposé de ce qu'il avait défendu dans son analyse.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
