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L'Institut National des Langues répond à l'explosion de la demande
Luxembourg 8 3 min. 29.06.2018 Cet article est archivé

L'Institut National des Langues répond à l'explosion de la demande

Selon Karin Pundel, directrice de l'INL, l'institut a «un nombre suffisant de professeurs, mais si le nombre d'élèves continue d'augmenter de la sorte, la situation pourrait devenir compliquée»

L'Institut National des Langues répond à l'explosion de la demande

Selon Karin Pundel, directrice de l'INL, l'institut a «un nombre suffisant de professeurs, mais si le nombre d'élèves continue d'augmenter de la sorte, la situation pourrait devenir compliquée»
Photo: Chris Karaba
Luxembourg 8 3 min. 29.06.2018 Cet article est archivé

L'Institut National des Langues répond à l'explosion de la demande

Le nouvel Institut National des Langues (INL) de Luxembourg a été inauguré, ce vendredi 29 juin, après trois ans de travaux. L'occasion d'aborder un souci qui concerne directement les établissements d'enseignement: comment faire face à la pénurie actuelle d'enseignants en luxembourgeois, face à une demande d'apprentissage qui explose ?

Par Jean Vayssières

En 2012, l'Institut National des Langues (INL) enseignait le luxembourgeois à 2.614 élèves. En 2018, six ans plus tard, ils sont 4.756, soit près du double. La tendance est globale: sur cette période, le nombre d'inscrits aux cours de l'INL a grimpé pour toutes les langues, à l'exception du chinois, de l'espagnol et de l'italien. 

«Il y a une volonté de s'intégrer, de s'impliquer dans la culture»

La progression du luxembourgeois demeure la plus spectaculaire: de 166 classes de luxembourgeois en 2016, l'institut est passé à 249 en 2018. Un chiffre qui, s'il est toujours inférieur à celui des cours de français, qui accueillent cette année 5.444 élèves au sein de 299 classes, représente en revanche la plus forte hausse, et témoigne d'un engouement soudain et explosif pour le parler du Grand-Duché. 

Sur la période 2010-2017, 17% des inscrits aux cours de luxembourgeois étaient de nationalité française. Suivent les Portugais, avec 11%, puis les Luxembourgeois eux-mêmes, avec 9%. Plus de 40% des élèves sont également, selon les chiffres de l'INL, d'une nationalité «autre» non renseignée. 

Pourquoi un tel engouement ? Karin Pundel, directrice de l'INL, attribue ce succès à plusieurs facteurs. «En ce moment, beaucoup d'efforts sont faits pour promouvoir la langue luxembourgeoise», analyse-t-elle. 

«De plus, beaucoup de personnes désirent acquérir la double nationalité depuis que la loi existe, ce qui nécessite de passer un test de luxembourgeois. De façon globale, il y a une volonté de s'intégrer, de pouvoir comprendre, discuter avec son voisin, s'impliquer dans la culture...»


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Mais face à une telle hausse des inscriptions, un souci reste: le nombre d'enseignants en luxembourgeois, sous le coup d'une pénurie, n'est pas suffisant pour combler la demande. 

Face à ce problème national, Karin Pundel demeure confiante: «Si un jour nous manquons de professeurs, nous pouvons recourir à des enseignants spécialisés en allemand, car les deux langues sont très proches». 

«Pour l'instant, nous avons un nombre suffisant de professeurs», explique-t-elle, «mais si le nombre d'élèves continue d'augmenter de la sorte, la situation pourrait devenir compliquée». 

«La vision du gouvernement, c'est former de plus en plus d'enseignants»

Cette différence entre offre et demande, Maisy Gorza, directrice adjointe de l'INL, l'explique par un changement générationnel:  nous serions dans une période charnière, engoncés entre un passé qui n'enseignait pas tant le luxembourgeois, et un futur proche qui verra, sans doute, l'offre épouser une demande en expansion. 

Karin Pundel, directrice de l'INL, a inauguré d'un coup de ciseaux le nouvel établissement, ce vendredi 29 juin, en compagnie du ministre du Développement durable et des Infrastructures François Bausch.
Karin Pundel, directrice de l'INL, a inauguré d'un coup de ciseaux le nouvel établissement, ce vendredi 29 juin, en compagnie du ministre du Développement durable et des Infrastructures François Bausch.
Photo: Jean Vayssières

«Il n'y a pas si longtemps, on n'enseignait pas la langue luxembourgeoise au Grand-Duché», raconte-t-elle. «Aujourd'hui, la demande augmente en même temps que l'immigration. Les gens souhaitent de plus en plus rester, et ne considèrent plus le pays comme un lieu de passage. L'Institut de Formation de l'Éducation Nationale (IFEN) est en train de former des professeurs: c'est la vision du gouvernement, former de plus en plus d'enseignants». 

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Pour la rentrée 2018, l'Institut National des Langues, de retour dans son site historique fraîchement rénové, profitera de la superficie gagnée pour mettre en place de nouvelles façons, moins académiques, d'apprendre les langues. 

Seront mis en place, par exemple, des cafés des langues, qui permettront aux polyglottes en herbe de trouver des partenaires d'apprentissage; ou encore des panneaux, affichés devant le lieu de vie qu'est le restaurant scolaire, sur lesquels chacun pourra afficher son nom, sa langue désirée et sa langue parlée, afin de faciliter les rencontres.

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