L'impôt foncier gagne en popularité
L'impôt foncier gagne en popularité
Que le logement soit devenu une «priorité gouvernementale» fait écho à une préoccupation de la population. Ne pas trouver un toit à la taille de son foyer et à la hauteur de ses revenus restant bien LE principal sujet d'inquiétude des électeurs luxembourgeois. Le sentiment transpire ainsi nettement du dernier sondage Politmolitor publié mercredi par Tns/Ilres. Et si, depuis des décennies, l'exécutif a hésité à trop taxer les terrains laissés vides de tout bâti ou les logements inoccupés, une ''fenêtre de tir'' se présente. Ces choix (longtemps impopulaires) paraissant désormais mieux acceptés.
Ainsi, sur 1.019 adultes questionnés pour RTL et le Luxemburger Wort, 62% estiment cette taxation nécessaire pour faire avancer les choses. A peine 25% voient rouge quand les autorités agitent l'idée d'une nouvelle imposition. Mais la folle spéculation immobilière de ces dernières années (dépassant les 10% par an), l'envolée des prix du m2 de foncier disponible et la croissance de la population ont fait évoluer les mentalités.
Aussi, les dirigeants politiques ne devraient plus avoir peur de se frotter aux propriétaires terriens ou à ceux qui font des appartements un simple objet de profit. D'autant que l'opinion publique soutient maintenant largement cette incitation qui doit aboutir à la construction de plus de logements à tarifs plus décents dans le pays. L'attachement à la réforme -annoncée pour les mois à venir-va même crescendo en fonction de l'âge des sondés.
On passe ainsi de 62% d'avis favorables parmi les 25-34 ans à 70% chez les seniors de plus de 65 ans. Et cela même si ces derniers sont normalement ceux qui a priori sont en mesure de détenir ce type de patrimoine.
Si la volonté d'introduire une fiscalité plus forte sur les terrains vacants et les appartements vides dépasse les frontières générationnelles, elle s'affranchit également de toute considération politique.
Certes du côté des sympathisants du CSV, une petite majorité (51%) approuverait la mise en oeuvre de ces charges nouvelles; mais du côté des partis de la majorité gouvernementale, le cœur penche plus franchement vers ce possible impôt. Les sondés proches du DP approuveraient ainsi la démarche pour 69% d'entre eux; 71% du côté de Déi Gréng et même 78% chez les électeurs proches du LSAP.
Autant dire que Pierre Gramegna, Henri Kox ou Taina Bofferding qui vont plancher sur le juste niveau d'imposition à fixer seront portés par les encouragements de la population. Mais à deux ans des élections législatives, les ministres des Finances, du Logement et de l'Intérieur oseront-ils employer le marteau pour aplanir la difficulté à trouver des hectares constructibles ou un logis abordable? L'avenir le dira.
Lors du dernier discours sur l'état de la Nation, Xavier Bettel a seulement dit qu'il entendait présenter un projet de loi «équilibré et juste». Sans doute faudra-t-il un peu plus à l'heure de fixer le degré de cette double imposition foncière-immobilière qui, au final, ne concernerait que 30% des propriétaires du pays mais bénéficierait à des milliers d'habitants.
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