L'impact écologique de Fage inquiète toujours autant
L'impact écologique de Fage inquiète toujours autant
De l'eau a coulé sous les ponts depuis l'annonce du leader mondial du yaourt grec, Fage International en juillet 2016. Le groupe grec qui avait délocalisé son siège social au Luxembourg en 2012 est décidé à investir 100 millions d'euros pour implanter une usine pour produire 40.000 tonnes de yaourts par an.
Presque trois ans plus tard, l'objectif premier d'ouvrir l'usine fin 2018 est largement dépassé et les autorisations de construire sont toujours en cours. Le projet est en pleine procédure commodo et la commune de Bettembourg va devoir rendre son avis sur le dossier. La première échevine de Bettembourg et présidente du groupe parlementaire Déi Gréng a clairement expliqué mercredi au micro de RTL être «contre» l'implantation de l'usine sur un site de 15 hectares dans la zone industrielle Wolser à Bettembourg.
Le problème à ses yeux, c'est «l'utilisation des ressources naturelles. Nous devons dès à présent réfléchir à la consommation d'eau potable. L'administration de la gestion de l'eau a déjà averti qu'à l'horizon 2030 nous serons dans des impasses parce qu'il y aura une plus grande consommation d'eau», pose Josée Lorsché.
Avant de souligner que «c'est un problème pour l'avenir si l'on considère les sociétés qui utilisent des quantités d'eau élevées.» La politicienne verte fait évidemment allusion directement au projet de Fage International.
L'Alzette va trinquer
La future usine de yaourts «consommera des quantités d'eau qui correspondent à celle d'une ville de 20.000 habitants. C'est-à-dire de la taille de Dudelange. C'est presque le double de Bettembourg!» qui dénombre près de 11.000 habitants. L'implantation de l'usine sera d'ailleurs synonyme de «construction d'une nouvelle station d'épuration», assure Josée Lorsché.
Ce qui la gêne davantage est que l'usine de yaourts contribuera à «rejeter 3.500 m3 d'eau par jour dans l'Alzette». Cette eau «contiendra encore des substances» et «sa température sera plus élevée que l'eau naturelle de l'Alzette». De sorte que la qualité du cours d'eau, qui n'est pas optimale, s'en trouvera changée, craint la députée.
Les impasses annoncées par l'administration de la gestion de l'eau sont prévisibles dans le sud du pays aux alentours immédiats de Bettembourg puisque «beaucoup de logements, dont on a besoin, seront créés dans les années à venir à Kayl, Dudelange et Schifflange. Ce qui amènera à une consommation d'eau potable beaucoup plus élevée des ménages», souligne Josée Lorsché.
Pas de loi pour interdire des projets énergivores
Ses craintes liées à l'épuisement de la ressource vitale sont alimentées par les récentes annonces de la ministre (Déi Gréng) de l'Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg quant aux réserves d'eau.
«Au Luxembourg, les réserves d'eau souterraines sont de 25% inférieures aux moyennes enregistrées ces 40 dernières années», avait-elle admis fin mai en répondant à une question parlementaire du député vert Henri Kox.
Quant aux projets industriels trop énergivores, «Madame Dieschbourg ne dispose pas de législation pour dire que c'est défendu. Mais il faut poser la question de la consommation d'eau potable dans l'intérêt des générations à venir», insiste Josée Lorsché.
