«L'Europe n'est pas une épicerie !»
«L'Europe n'est pas une épicerie !»
(pj avec AFP) - Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a affirmé, lundi, qu'il ne permettrait pas à l'UE d'imposer à son pays des conditions sur l'État de droit en échange du versement de fonds européens. Voilà le ton donné en ce quatrième jour d'un sommet européen qui voit, pour l'instant, les 27 dirigeants de l'UE incapables de s'entendre sur un plan de relance post-coronavirus. Des chefs d'Etat tentant également de s'accorder sur le budget européen à long terme de l'UE (2021-2027), de plus de 1.000 milliards d'euros, dont la plupart des dépenses sont destinées aux agriculteurs et aux pays d'Europe de l'Est.
Mais plusieurs Etats, principalement nordiques, les Pays-Bas mais également le Grand-Duché insistent pour que des membres comme la Pologne ou la Hongrie respectent les principes européens en matière de liberté d'expression et de tribunaux indépendants pour bénéficier de ces fonds. Et face aux micros, Xavier Bettel (DP) n'a pas manqué de le rappeler : «L'Europe, ce n'est pas une épicerie, c'est avant tout des valeurs que l'on défend (...) Accepter une Europe avec des valeurs au rabais, des droits au rabais et le respect de l'Etat de droit au rabais, ce sera ''non'' de notre part», a assuré le dirigeant luxembourgeois.
Voilà déjà un premier point susceptible de bloquer l'accord attendu (obligatoirement à l'unanimité avant ratification par le Parlement européen) au terme de ce quatrième jour de négociations. Mais ce n'est pas le seul. Ainsi, les chefs d'Etat débattent-ils depuis des heures et des heures sur le montant du plan financier que l'Union devrait concéder à la relance post-covid, Etat par Etat.
La reprise de la séance en plénière, dans un premier temps envisagée à 16h locales, était attendue finalement pour 18h tant les tractations vont encore bon train. Un optimisme prudent a gagné certains dirigeants, après les tensions de la nuit précédente. Les dirigeants français et allemand, Emmanuel Macron et Angela Merkel, ont exprimé «l'espoir» d'un compromis. Mais «rien n'est encore acté, je resterai donc extrêmement prudent», a souligné M. Macron.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, médiateur du sommet, va présenter un nouveau projet de compromis aux capitales, moins ambitieux que la proposition initiale. De sources concordantes, il devrait proposer de revoir à la baisse la part de subventions dans le plan de relance, chiffré au total à 750 milliards d'euros: 390 milliards, contre 500 milliards prévus au départ. Le reste serait constitué de prêts.
Au moment où une récession historique frappe l'Europe, les réticences des pays dits «frugaux» (Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche, rejoints par la Finlande) menacent de faire capoter un plan massif de soutien à l'économie, qui profiterait avant tout aux pays du Sud comme l'Italie et l'Espagne, les plus touchés par l'épidémie. Pour le Premier ministre luxembourgeois, la recherche du compromis pouvait notamment passer par un «droit de regard» accordé aux Etats les plus soupçonneux. Droit de regard, mais «pas un droit de blocage, pour ceux qui sont contributeurs».
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