L'e-cigarette garde un arrière-goût nocif
L'e-cigarette garde un arrière-goût nocif
Tout début septembre, le gouvernement US a fait tousser bien des usagers d'e-cigarettes en annonçant qu'il ne souhaitait plus autoriser à la vente que l'arôme tabac. Les autorités sanitaires américaines estiment en effet que les autres «mélanges» présenteraient un caractère toxique.
Voilà qui a fait sourire au ministère de la Santé luxembourgeois où l'on estime que «le goût tabac provient aussi d’un arôme artificiel qu’il faudrait donc aussi réglementer». Du côté du ministère, c'est d'ailleurs sans modération qu'il est rappelé que «la cigarette électronique représente un risque potentiel pour la santé bien documenté depuis plusieurs années».
L'OMS a d'ailleurs maintes fois tiré la sonnette d'alarme sur cette question. En particulier pour ce qui concerne les substances irritantes.
Pour ce qui concerne le danger de certains arômes, les données concernant les effets de leur inhalation à moyen et long terme sur la santé des consommateurs «ne sont pas encore assez complètes pour en quantifier le risque et en évaluer la toxicité réelle», estiment les services d'Étienne Schneider (LSAP).
Le Luxembourg échange actuellement sur ce point avec l'ensemble des États membres de l'Union européenne. Sachant que la loi grand-ducale oblige les fabricants ou importateurs de produits e-cigarette à systématiquement déclarer la composition complète de leurs produits à la Direction de la santé.
Une loi plus sévère
Le nombre de «vapoteurs» reste encore assez marginal au Grand-Duché, par rapport au nombre de fumeurs. Les dernières données sur le sujet parlent de 6.000 résidents appréciant l'emploi de la cigarette électronique. Ce chiffre, tiré d'une étude de la Fondation Cancer sur les habitudes tabagiques de la population luxembourgeoise, date de 2017. A l'époque cela représentait donc 1,2% de la population interrogée, contre 21% de fumeurs de tabac traditionnels.
Au ministère de la Santé, nul ne s'avance plus sur une éventuelle progression de cette pratique. Mais il est volontiers rappelé que la loi en vigueur - du 13 juin 2017 - «va au-delà des mesures initiales prévues dans la Directive 2014/40 du Parlement européen et du Conseil du 3 avril 2014 pour ce qui concerne les cigarettes électroniques».
Lieux sans «vapote»
Ainsi, la loi nationale établit une équivalence entre la cigarette conventionnelle et sa petite sœur électronique. Cela a, notamment, pour conséquence une interdiction de vente aux mineurs d'e-cigarettes mais aussi des arômes liés.
Autre signe de fermeté : le Luxembourg a aussi établi des interdictions de fumer qui concernent également le vapotage. De fait, il est prohibé de vapoter sur les aires de jeux, dans tout véhicule si des enfants de moins de 12 ans sont à bord, dans toute enceinte sportive, même ouverte, si des mineurs de moins de 16 ans y pratiquent un sport.
Une dépendance comparable à celle induite par le tabac
Afin également de limiter l'usage de la cigarette électronique, le pays a instauré une taxe de 5.000€ pour tout nouveau produit de cigarette électronique mis sur le marché. De quoi freiner certains petits importateurs.
Reste que l'e-cigarette reste en vente libre, malgré les sérieux doutes émis sur sa nocivité. Le ministère de la Santé rappelle d'ailleurs que la nicotine que les produits e-cigarette contiennent engendre «une dépendance comparable à celle induite par le tabac».
La shisha, autre cible
Seulement, la combinaison de nicotine et d’arômes dans les e-cigarettes rendent ces produits particulièrement attractifs et addictifs. «Ce qui les rend inefficaces pour la grande majorité des fumeurs voulant arrêter de fumer, et peut constituer un mode d’entrée vers le tabagisme durable chez les jeunes», indiquent les autorités luxembourgeoises.
C'est notamment en raison de cette addiction facilitée que les e-cigarettes sont classées dans la catégorie «produits du tabac» dans la loi luxembourgeoise. Et si, pour l'heure, nulle campagne de prévention n'est prévue sur la cigarette électronique, le ministère de la Santé pencherait plus volontiers, à l'avenir, pour une communication «sur les dangers du tabac incluant les e-cigarettes et la shisha».
