L'avenir reste incertain pour la Place
L'avenir reste incertain pour la Place
(ASdN avec Marco Meng) - Avec la pandémie, l'horizon s'assombrit au-dessus de la Place. En cause, une possible vague de faillites qui constitue un risque majeur pour les banques du pays en 2021, à en croire le président de l'association bancaire ABBL Guy Hoffmann, interrogé par nos confrères du Luxemburger Wort.
Pour limiter la casse, les banques luxembourgeoises ont néanmoins fait un geste. Elles ont ainsi accordé près de 18.000 moratoires. Autrement dit, une suspension du remboursement de prêts. Selon le Statec, plus de 3.414 moratoires étaient en vigueur fin octobre, correspondant donc à quelque 800 millions d'euros. Soit 3% de l'encours des prêts aux entreprises nationales.
Mais alors que la plupart des moratoires de crédit, utilisés par les entreprises pour combler la période de manque à gagner pendant la pandémie, a expiré, le Luxembourg a été touché par une deuxième vague d'infections. «Le secteur de l'Horeca, le tourisme et l'industrie aéronautique sont particulièrement touchés, et par conséquent les banques qui sont actives dans ces secteurs», souligne Guy Hoffmann avant d'ajouter qu'il serait «illusoire de croire qu'en 2021 et 2022 les banques s'en sortiront sans dommage». Ce à quoi s'ajoute l'incertitude quant au potentiel de croissance de l'année prochaine.
Si jusqu'à présent, le Luxembourg a toujours été le pays où le taux de «mauvaises créances» est le plus bas, la situation ne devrait néanmoins pas changer, assure Guy Hoffmann. Et ce, «même si le nombre de mauvaises créances est probablement en augmentation pour les banques au Luxembourg». La proportion de prêts non performants au Luxembourg est de 1,1 %, dont un sur cinq a été accordé à un ménage privé.
Mais pour les banques, la situation reste délicate. Car pour faire face aux défauts de remboursement des prêts, celles-ci sont contraintes de prévoir des coussins d'urgence. Et ces derniers «sont élevés», estime le président de l'ABBL.
Et si elle n'épargnera donc pas les banques, la crise sanitaire ne laissera pas non plus les assureurs du pays s'en sortir indemnes. Marc Hengen, directeur général de l'association d'assurance ACA, estime que les recettes de primes baisseront de 20% par rapport à 2019, où les recettes s'élèveront à environ 41 milliards d'euros. Soit un manque d'environ dix milliards d'euros. Pour 2021, le représentant de l'ACA s'attend donc à un nouveau déclin des affaires ou, au mieux, à une stagnation.
De l'espoir pour 2021
En outre, si les taux d'intérêt des banques restent une charge pour les assureurs, ils pourraient ouvrir de nouvelles perspectives. En effet, ces derniers devraient «probablement» rester bas en 2021, souligne, Camille Thommes, directeur général de l'association des fonds Alfi. Ce dernier s'attend donc à ce que les investisseurs - tant institutionnels que, surtout, privés - découvrent davantage de fonds d'investissement comme produits d'épargne et d'investissement à long terme.
Pour Camille Thommes, la place financière dans son ensemble ne serait donc pas si mal positionnée pour 2021. «Tout ce qui a trait à la durabilité et aux infrastructures prend de plus en plus d'importance», même si, ajoute-t-il, les marchés resteront probablement volatils et que la concurrence s'accroît dans le monde entier.
«Le Luxembourg doit rester compétitif en termes de gamme de produits et de fiscalité», souligne enfin Camille Thommes. D'un point de vue réglementaire, la révision de la directive sur les gestionnaires de fonds d'investissement alternatifs (AIFMD), la mise en œuvre du plan d'action pour le financement de la croissance durable, le produit de pension privé paneuropéen (PEPP) et l'Union européenne des marchés de capitaux seront donc importants pour le secteur des fonds l'année prochaine, et donc, pour la Place.
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