L'avenir du Luxembourg passera par la Grande Région
L'avenir du Luxembourg passera par la Grande Région
Quels que que soient les scénarios envisagés pour son développement futur, le Luxembourg jouera en partie son avenir dans le développement de ses relations avec ses voisins. Car pour générer la croissance suffisante au maintien de son niveau de vie, le pays est condamné à créer sans cesse de nouveaux emplois. Plus de 13.000 annuellement au cours de ces cinq dernières années, dont près de la moitié (45%) est occupée par des personnes résidant au sein de la Grande Région.
«Et cette tendance de fond ne devrait pas changer dans les prochaines années», estime Isabelle Pigeron-Piroth, spécialiste du travail frontalier au sein de l'Uni, même si les effets de la pandémie «devraient ralentir le rythme de cette croissance au cours des deux prochaines années, selon les dernières prévisions du Statec». Selon l'institut statistique luxembourgeois, l'impact indirect du covid-19 devrait se faire ressentir au travers d'une croissance «très faible» de l'emploi d'ici à la fin 2022, ce qui devrait avoir des conséquences sur l'ensemble de la Grande Région, le Luxembourg restant encore le principal moteur économique de ce territoire.
Si le modèle grand-ducal ne devrait pas être remis en question par cet épisode conjoncturel, d'autres «déséquilibres» apparaissent comme plus menaçants, sur le moyen ou le long terme. Qu'il s'agisse du vieillissement généralisé de la population, des défis liés à la digitalisation dans le monde du travail ou bien encore de la mobilité. «Il faut bien être conscient des interdépendances existantes entre le Luxembourg et ses voisins directs et du besoin d'en tirer parti de la meilleure des manières», estime Isabelle Pigeron-Piroth. Autrement dit, que la situation gagnant-gagnant souhaitée par les autorités politiques de part et d'autre des frontières se traduise dans les faits.
Et à un horizon pas trop éloigné qui plus est, sous peine de voir ce territoire de 12 millions d'habitants devenir nettement moins attractif. «Une des options possibles consisterait à créer de nouvelles synergies vouées à tirer parti des forces de chacun», estime la chercheuse qui évoque notamment le domaine de la formation. Une idée déjà mise sur la table en ce qui concerne la création d'un lycée transfrontalier dédié à la formation de personnels soignants. Un projet toutefois repoussé en raison des difficultés générées par la gestion de la pandémie au Luxembourg.
Si d'autres concepts sont également devenus réalité sous pression de la crise sanitaire, tels que la généralisation du télétravail et le gel des limites fiscales imposées par les différents Etats, ces mesures pourraient ne pas s'inscrire dans la durée. Or, selon Isabelle Pigeron-Piroth, «toutes ces questions, qui englobent aussi bien les embouteillages que les besoins en soft skills ou la gestion en codéveloppement du territoire, constituent un tout». Une approche multilatérale que tente peu à peu de mettre en place le Luxembourg, via sa volonté de faire de cet espace transfrontalier un laboratoire d'idées et de solutions qui pourraient être appliquées à l'échelle européenne.
Mais pour cela, «la communication entre tous les acteurs mais aussi auprès du grand public constitue le principal enjeu», indiquait en mai dernier Corinne Cahen (DP), ministre de la Grande Région. La communication, mais aussi la mise en oeuvre concrète de réponses concertées à des problèmes concrets. Sans quoi, le Luxembourg pourrait perdre gros.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
