L'automédication aussi dangereuse que le covid
L'automédication aussi dangereuse que le covid
Ni pour prévenir, ni pour guérir. Qu'on se le dise: à ce jour, aucun médicament ou vaccin n’est approuvé par les autorités pour prévenir ou traiter les cas de covid-19. Et un récent communiqué du ministère de la Santé luxembourgeois est venu le rappeler. En cause : la tentation de certains à réclamer directement à leur médecin ou pharmacien tel ou tel médicament dans l'espoir d'échapper à l'épidémie. «Jusqu'à présent, la population s'est montrée raisonnable. Il ne faudrait pas que l'impatience ou les craintes prennent le dessus sur la raison», insiste donc le Dr Anna Chioti de la direction de la Santé.
Parmi les comportements mis en cause, la cheffe de la division ''Pharmacie & médicaments'' pointe surtout «le réflexe médiatique». Autrement dit, j'ai entendu parler d'un traitement, je le veux. Cela notamment était le cas, au printemps dernier, au plus fort du débat sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine recommandée par le Pr Raoult. Même le fait que la molécule ait été retirée de l'expérimentation clinique Discovery menée en Europe, en raison de son «absence d'intérêt», a tardé à calmer les ardeurs...
«On a constaté qu'une certaine patientèle réclamait un médicament dont l'usage devrait être réservé aux malades souffrant de sclérose ou de polyarthrite rhumatoïde», constate à regret le service d'Anna Chioti. Mais il est aussi fort probable que l'annonce que le président Trump a bénéficié d'un traitement inédit (et pas plus homologué par les scientifiques) de la firme Regeneron ou bien que le dexaméthasone a obtenu de bons résultats chez certains patients atteints va relancer l'intérêt pour ces produits.
«Mais j'insiste : il faut éviter l'automédication. On peut vraiment avoir de mauvaises surprises», indique la cheffe de division ''Pharmacie & médicaments''. Afin de garantir le bon usage des médicaments disponibles, il est impératif donc de suivre les recommandations médicales avant tout.
Des tensions d'approvisionnement
Ce réflexe d'aller réclamer ou se fournir auprès de son médecin ou des officines en médicaments soi-disant efficaces face au coronavirus a pris une ampleur inquiétante dans certains Etats. Entraînant parfois des effets indésirables à prendre en charge par les équipes soignantes (qui n'avaient pas que cela faire) mais aussi des tensions sur la disponibilité de certains médicaments. «Au point que les vrais malades qui avaient, eux, réellement besoin de ces traitements spécifiques, ont pu avoir des difficultés à trouver leur indispensable remède. Cela a plutôt concerné des pays anglo-saxons», rassure la spécialiste.
Pour rappel, l'épidémie liée au covid-19 a pour l'instant fait 128 victimes au Grand-Duché. Depuis mars 2020, 10.394 tests pratiqués au Luxembourg se sont révélés positifs au virus.
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