L'Aleba perd ses pouvoirs d'un chouïa
L'Aleba perd ses pouvoirs d'un chouïa
Un merci en trois langues et un «grâce à vous, l'Aleba reste le syndicat majoritaire dans les entreprises du secteur financier» est affiché sur le site internet de l'Aleba depuis que les résultats des élections sociales sont tombés. Mais rien sur le même site ne laisse transparaître le malaise créé par les 0,78% de voix qui manquent pour décrocher la représentativité sectorielle, fixée par le code du Travail à 50%. L'Aleba a officiellement obtenu 49,22% des voix dans le groupe 4 (services et intermédiation financiers) de la Chambre des salariés (CSL).
«En termes de voix et de sièges, nous sommes les premiers à la CSL et en termes de résultats dans les entreprises du secteur bancaire aussi... mais nous perdrions la représentativité sectorielle. C'est totalement injuste!», se contient à peine Laurent Mertz, secrétaire général de l'Aleba, dont l'objectif de départ était bien de «conserver sa majorité et même de l'augmenter».
C'est raté et les conséquences sont lourdes, d'où l'énervement. Car la position de leader perd de sa substance sans la fameuse représentativité sectorielle. Sans elle, l'Aleba ne peut plus signer seule de convention collective de travail et ne sera plus invitée, de droit, à la table des négociations en cas de plan social.
Rôle qui reviendrait, si on applique la loi, aux syndicats nationaux, c'est-à-dire l'OGBL (31,58% des suffrages) et le LCGB (19,20%). «Il y a des lois que nous considérons comme discriminantes», glisse le secrétaire général de l'Aleba qui compte bien se tourner vers Dan Kersch, le ministre de l'Intérieur, pour plaider sa cause. Jeudi, il n'avait pas encore fait ce pas.
L'idée d'une coalition rejetée
Le conseil d'administration de l'Aleba lui a donné le mandat, mardi. Tout comme il a décidé de ne pas faire de coalition avec l'OGBL -secteur financier ou le LCGB. «Nous avons fait le choix de garder strictement notre indépendance politique , c'est notre ADN», pose Laurent Mertz
Le secrétaire général de l'Aleba, en «a informé dès mardi midi» Véronique Eischen de l'OGBL-secteur financier et Patrick Dury, président national du LCGB. Mais ne ferme pas ses portes pour autant: «Ce n'est pas parce qu'on ne fait pas de coalition qu'on ne va pas continuer à travailler ensemble sur des thématiques transversales dans l'intérêt des salariés», explique Laurent Mertz.
Si la tête de l'Aleba s'est clairement positionnée, elle n'a, en revanche, en cette période cruciale de constitution des délégations du personnel dans les entreprises (du 2 au 12 avril), pas donné de consigne nationale et préfère laisser la main aux fractions Aleba en place. A elles de faire coalition avec le partenaire de leur choix au sein de l'entreprise quand c'est nécessaire.
«Le ministre tranchera»
La situation inédite créée par les urnes des élections sociales donne du fil à retordre aux juristes du ministère du Travail. Ils sont en train d'éplucher les articles 161-6 et 161-7 du code du Travail qui portent sur la représentativité dans un secteur spécifique.
«Nous devons analyser tous les résultats dans les détails et pas seulement tenir compte des résultats pour la Chambre des salariés mais aussi ceux obtenus dans les entreprises. Ce n'est qu'après cette analyse que le ministre tranchera», explique Pierre Hobscheit, conseiller de gouvernement adjoint au ministère du Travail.
