L'AET derrière chaque accident mortel
L'AET derrière chaque accident mortel
«Dans un accident, il faut toujours aller au-delà de la seule erreur humaine.» Ainsi parle Paul Meyers, directeur de l'Administration des enquêtes techniques (AET). Depuis douze ans, son service l'a appris à force d'investiguer autour de l'ensemble des accidents graves de l'aviation ou des trains (comme dans le cas de la collision de Bettembourg) dans le pays. Mais depuis 2017, l'équipe de cinq enquêteurs a aussi mis son nez dans les dossiers d'accidents de la route mortels. Vingt-deux cas rien que pour 2019. «A chaque fois, nous recherchons ce qui -en dehors du facteur humain- a pu être déterminant soit dans le déclenchement de l'accident, soit dans ses conséquences tragiques».
Ainsi, l'AET n'est pas là pour déterminer si untel roulait trop vite, a enfreint le code de la route, a abusé d'alcool ou de stupéfiant. Il s'agit là du travail de la police. L'enquête technique, elle, «n'est pas là pour établir des fautes» mais à trouver les facteurs à mettre en oeuvre pour éviter qu'un accident ne se transforme en pertes de vie ou de traumatismes sérieux». Cela en se consacrant à l'infrastructure routière ou à son environnement.
Ainsi, les enquêteurs indépendants vont-ils se concentrer sur les lieux aussi bien sur la nature et l'état du revêtement (bosse, trou, granularité plus ou moins réduite) que sur la présence de glissières de sécurité, d'obstacles (naturels ou artificiels), etc. Soit tous les éléments qui, au final, ont pu jouer un rôle dans la conclusion fatale de telle sortie de route, de telle collision.
«Et ce n'est pas parce que dans 10 cas sur 22 accidents mortels, il y a eu choc du véhicule avec un arbre que nous allons conclure qu'il faut abattre toute la végétation», précise le directeur à la tête de cinq personnels. Mieux vaut prévoir l'installation d'une glissière aux endroits les plus exposés à des sorties de route ou glissades.
Ainsi, l'idée est plutôt de voir si la présence d'un fossé ou d'une glissière entre la chaussée et les arbres peut constituer un contexte moins périlleux, plutôt que de jouer de la tronçonneuse. Tout comme l'AET vérifier si la structure même de tel poteau (parce que trop rigide ou trop souple) a pu jouer défavorablement sur l'état de santé final des personnes impliquées dans le fait divers. «Pour le réseau autoroutier, on signale combien l'installation, aux sorties, de balustrades métalliques avec des plots chargés en eau peut être bénéfique comme atténuateurs de choc.» En amortissant le choc de l'impact ce type d'équipement réduit ainsi considérablement la gravité des blessures engendrées.
Parmi les suggestions de l'AET reprises par les Ponts et Chaussées, il y a eu dernièrement aussi un marquage au sol spécifique dans certains virages marqués de la N25 (près de Wiltz) et sur le CR342 (non loin de Rodershausen). «A ces endroits les motards prenaient la courbe trop à la corde se rapprochant dangereusement des véhicules arrivant en face. La peinture, préventive, a permis de leur faire reprendre une trajectoire plus sûre», note Paul Meyers.
Mais l'AET note également dans ses rapports les conditions météo ou de luminosité qui ont pu influer sur la gravité des faits. De quoi battre certains a priori d'ailleurs. Ainsi, c'est bien par temps sec qu'ont eu lieu la majorité des accidents mortels (55%) ou graves (68%). Ou encore, la présence d'un tapis de feuilles mortes sur la route a occasionné, en 2019, bien plus de décès et de blessés que les accidents sur le verglas...
Par contre, une certitude bien établie : c'est bien en après-midi que circuler s'avère le plus périlleux au Grand-Duché. Le créneau 13h30-20h30 étant la période la plus accidentogène.
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