L'accord tripartite concernant ArcelorMittal est respecté
L'accord tripartite concernant ArcelorMittal est respecté
La nouvelle était tombée comme un couperet durant l'été 2019: le géant mondial de l'acier ArcelorMittal annonçait vouloir dégraisser ses effectifs de 578 personnes sur ses deux unités de production majeures au Luxembourg. Des sites qui emploient des milliers de personnes.
Hors de question, alors, pour le gouvernement de laisser passer un possible bain de sang social au sein de l'un des plus gros employeurs du pays. Des réunions réunissant syndicats, direction d'ArcelorMittal et gouvernement ont eu lieu ponctuellement depuis 2019. Ces entretiens avaient d'ailleurs débouché sur un accord tripartite.
Au bout du compte, les différents partenaires s'étaient accordés sur la suppression de 536 postes, mais sans plan social, ni licenciement. Parmi ces centaines d'emplois, il s'agissait surtout de départs en préretraite et des prêts de main-d'oeuvre. Il était également question d'investissements sur les différents sites luxembourgeois.
L'accord tripartite courant jusqu'en 2025, de nombreuses réunions ont toujours lieu afin de s'assurer du respect de l'accord et de faire un bilan intermédiaire. Le dernier a eu lieu en date de ce jeudi.
Selon la Confédération luxembourgeoise des syndicats chrétiens (LCGB), la direction d'ArcelorMittal a présenté l'état actuel de la situation après une année d'application de l'accord tripartite. «Cette présentation a repris l'état d'avancement des différents objectifs visés en termes d'investissements et de réorganisation mais également des différentes mesures d'accompagnement», communique le syndicat.
Concernant les investissements, ArcelorMittal s'est engagé sur une enveloppe de 165 à 205 millions d'euros avec comme clé de répartition, 90 à 95 millions d'euros pour les investissements clés et stratégiques, et environ 110 millions d'euros sur l'entretien de l'outil. «Un montant minimum garanti de 65 millions d'euros a été convenu sur les investissements stratégiques. En cas de non-respect, une clause de redressement financier a été convenue», assure le syndicat.
Le LCGB constate que ce volet essentiel à la survie de la sidérurgie luxembourgeoise est respecté jusqu'à ce jour. En effet, la direction a présenté un engagement de 41 millions d'euros sur l'enveloppe globale prévue. Un cinquième de l'enveloppe totale est effectivement engagé et respecté.
En complément, le LCGB a demandé une clarification concernant l'intention de construire le nouveau bâtiment, prévu au Kirchberg, qui accueillera alors le siège de la société. A titre de rappel, la direction générale a pris l'engagement de garder le siège au Luxembourg et a précisé son intention de construire un nouveau bâtiment. «A l'heure actuelle, nous apprenons que le dossier avance et bien d'autres informations complémentaires à ce sujet viendront prochainement», poursuit le syndicat.
Concernant l'atelier de Dommeldange l'investissement lié au transfert de deux activités essentielles vers les sites de Differdange et Rodange a été confirmé par le groupe ArcelorMittal, ce qui permettra d'internaliser l'activité avec du personnel propre à l'entreprise comme convenu dans l'accord. «Cependant, le LCGB a de nouveau réitéré sa demande de respecter l'accord concernant le soutien des différents sites de production en vue de soutenir fortement les activités restantes au sein de l'atelier condition sine qua non de la survie du site».
65% de l'objectif
A ce jour, le LCGB note que 345 postes de travail ont été supprimés sur les 536 initialement prévus. Ce qui correspond à environ 65% de l'objectif initial. «La cellule de reclassement (CDR) inclut actuellement environ 82 personnes liées à la CDR 2021 conséquente à l'accord courant jusqu'en 2025. Le LCGB a placé l'accent sur l'importance de ne pas tarder à trouver une solution pérenne pour une soixantaine de salariés identifiés en mission et sans occupation.»
L'OGBL constate de son côté que, même si aucun licenciement n'a eu lieu, elle ne pourra jamais se satisfaire d'une suppression de postes. «Le plan de restructuration projeté initialement par la direction d'ArcelorMittal prévoit que, d'ici fin 2025, l'entreprise ne compte plus qu'environ 3 000 salariés répartis sur les différents sites et bâtiments du pays», explique le syndicat.
Lors de cette nouvelle réunion, la direction d'ArcelorMittal a profité de l'occasion pour aborder certains projets à réaliser en phase avec les objectifs de décarbonation du groupe. «Ces indications laissent entrevoir un avenir plus prometteur pour le périmètre sidérurgique luxembourgeois», note l'OGBL.
Enfin, le LCGB a tenu à sommer le groupe ArcelorMittal afin qu'il prenne conscience de la «rentabilité et des performances des sites de production luxembourgeois, en redistribuant la richesse produite par la sidérurgie luxembourgeoise et surtout en reconnaissant, à sa plus juste valeur, les compétences et l'engagement des salariés qui permet d'atteindre ces performances».
Pour l'OGBL, le bilan de cette première réunion de suivi s'avère globalement positif. Néanmoins, le syndicat somme le groupe d'accélérer ses investissements et investir également davantage au Luxembourg suite aux bénéfices record engrangés par le géant de l'acier. De plus, l'organisation syndicale s'inquiète de la recrudescence des accidents mortels au sein du groupe: une trentaine d'accidents mortels en 2021 et malheureusement déjà 2 décès depuis le début de cette année. «Le Luxembourg est heureusement épargné jusqu'à présent, mais l'OGBL reste très vigilant et a souvent tenu à rappeler à la direction d'ArcelorMittal qu'elle doit absolument tout mettre en œuvre pour éviter que le pire n'arrive également ici», conclut l'OGBL.
Aujourd'hui, ArcelorMittal Luxembourg emploie moins de 3.200 salariés.
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