Joint au volant, accidents au tournant
Joint au volant, accidents au tournant
«Je ne pensais pas que l'influence du cannabis était aussi importante dans les accidents de la circulation.» Stupéfaite donc la députée Nancy Arendt (CSV) quand elle a reçu du ministre de la Mobilité certaines données sur l'implication des conducteurs sous influence du THC (la substance active reconnue pour ses effets psychotropes) dans les accrochages sérieux qui ont lieu sur les routes du Luxembourg. «En 2020, sur 6 des 8 conducteurs sous influence de drogues ayant causé un accident grave, des traces de consommation de cannabis ont été détectées.»
Effectivement, les statistiques transmises par François Bausch (Déi Gréng) mettent en évidence cette forte proportion : 75% de taux d'implication de fumeurs d'herbe en 2020 dans des accidents graves ou mortels impliquant un auteur consommateur de drogue. Et les années passées n'affichent guère ''mieux''. Il était question de 83% en 2019, 71% en 2018 et encore 72% en 2016 et 2017...
Abasourdie, la parlementaire n'en oublie pas pourtant le pourquoi de sa question parlementaire au ministre : «Il est clair que consommation de cannabis et conduite routière ne vont pas ensemble, alors je me demande s'il est vraiment judicieux de libéraliser l'usage de cette drogue quand on sait qu'elle peut indirectement coûter des vies.»
Une interpellation faite même si, en présentant la levée de certaines restrictions en matière d'usage du cannabis, la ministre de la Justice a bien pris soin de préciser que ce serait toujours tolérance zéro au volant. Pas plus qu'il n'est question d'autoriser la consommation sur le domaine public.
Par ailleurs, haschisch ou marijuana ne sont pas les seuls fléaux au volant. L'abus d'alcool reste bien plus en cause dans l'insécurité routière au Grand-Duché que ces autres toxicomanies. Il est ici question de près de 800 infractions constatées chaque année sur des automobilistes.
De plus, il convient de noter que sur les 26 morts de la circulation routière relevés au Luxembourg l'an passé, aucun rapport n'a pu être fait avec un conducteur sous l'emprise du cannabis.
Reste que les chiffres présentés par le ministre de la Mobilité montrent l'influence entre cannabis et ''mauvaise conduite''. En un an, la détection de THC et autres drogues a ainsi occasionné 53 affaires d'accident présentées devant les tribunaux correctionnels de Luxembourg ou Diekirch. De quoi occasionner 44 condamnations définitives pour des auteurs d'infractions au code de la route (dont deux avec peine de prison prononcée).
A ce bilan, François Bausch ajoute aussi 38 interdictions de conduire inscrites au casier judiciaire des fautifs. Sans oublier 710 points retirés sur les permis de conduire des contrevenants contrôlés positifs à l'usage de drogues ou encore les 25 amendes dressées de moins de 1.000 euros et les 18 autres dont le montant s'établissait entre 1.000 et 5.000€. «Mais en cas d'accident toute sanction arrive trop tard. Il y a quelqu'un qui est blessé à vie ou dont l'existence a été fauchée derrière ces chiffres», déplore Nancy Arendt.
Aussi, la députée entend faire passer un message, «pas de rabat-joie mais d'élue responsable» : «Libéraliser le cannabis dans le quotidien de la population, cela impliquera forcément plus de consommation et donc plus d'effets dévastateurs sur la route. Il faut en avoir conscience.»
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