«Je n'avais pas d'autre choix que d'appliquer la loi»
«Je n'avais pas d'autre choix que d'appliquer la loi»
Moins de deux semaines après avoir reçu le rapport définitif de l'ITM, vous avez décidé de retirer la représentativité sectorielle de l'Aleba. Quelles ont été les motivations de cette décision?
Dan Kersch (LSAP), ministre du Travail - «Le ministre n'a pas à donner ou à retirer une quelconque représentativité de son propre chef, il ne peut le faire que sur réclamation d'une des parties intéressées. Alors, son rôle consiste notamment à clarifier s'il y a un intérêt net et réel sur cette réclamation. Et ici, les choses étaient simples, puisque lors des élections sociales de 2019, l'Aleba n'a pas atteint la barre des 50%. Ils n'ont donc plus droit à la représentation sectorielle et les dirigeants de l'Aleba savaient que s'il y avait une réclamation, je n'aurais pas d'autre choix que d'appliquer la loi.
Suite aux dernières élections sociales, cette représentativité avait pourtant été maintenue...
«Il faut savoir que l'Aleba bénéficie de la représentativité dans le secteur financier depuis 2005 suite à une décision de François Biltgen (CSV) intervenue après d'importantes discussions politiques et une modification de la loi (suite à une décision du Bureau international du travail, basé à Genève, ndlr). Cette décision se basait notamment sur le fait que l'Aleba avait obtenu plus de 50% des suffrages à la Chambre des employés privés, à l'époque.
En 2019, après être tombés sous la barre des 50%, les responsables du syndicat étaient très nerveux et sont venus me voir. Je leur ai donc expliqué qu'ils conservaient cette représentativité tant qu'aucune réclamation n'était déposée. Que ce soit de la part des autres syndicats ou même de l'ABBL. Ce qui a finalement été le cas fin 2020. La procédure prévoit que l'ITM rende un avis circonstancié, ce qui a été le cas via un rapport très détaillé. Je n'avais donc pas d'autre choix.
Quelles conséquences imaginez-vous de cette décision sur la Place, en pleine négociation des nouvelles conventions collectives et d'annonces de plans sociaux?
«Ce n'est pas à moi de m'immiscer dans les pourparlers actuels. Mon rôle était de statuer sur la réclamation qui m'a été adressée.
Pour l'Aleba, votre prise de position est toutefois perçue comme étant une «décision politique inacceptable»...
«Ce n'est pas une décision politique, mais bel et bien une décision administrative basée sur l'analyse technique du dossier réalisée par l'ITM. S'il est exact que l'Aleba a échoué de très peu à cette fameuse barre des 50% des suffrages, il est aussi exact que le syndicat n'a pas franchi ce seuil. Mais je suis conscient de ce qui va se passer et j'aurais aimé l'éviter.
C'est-à-dire?
«Cette situation ne va pas aider à conclure un accord pour les différentes conventions collectives en cours de négociation dans le secteur. Et vous savez qu'en tant que ministre du Travail, mon intérêt repose sur le fait que les partenaires sociaux trouvent une solution concertée. Hélas, cette décision va compliquer les choses.
Et quel impact cela aura-t-il sur le paysage syndical? Vers le maintien à terme des seuls OGBL et LCGB, syndicats à représentativité nationale?
«Pour moi, il n'y a pas de rapport direct, car l'indépendance de l'Aleba n'est pas remise en question. Ce syndicat a perdu sa représentativité sectorielle non pas sur décision du ministre du Travail, mais sur base des résultats des élections de 2019.»
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