Jamais la forêt n'a été autant fragilisée
Jamais la forêt n'a été autant fragilisée
La forêt luxembourgeoise a particulièrement souffert cet été à cause d'une météo estivale exceptionnelle et d'un manque crucial de précipitations. Mais aussi à cause des foyers d'infection de bostryches typographes qui «ont continué à progresser de façon alarmante cette année», avait reconnu Carole Dieschbourg, ministre de l'Environnement (Déi gréng).
Cette fois les craintes de dégâts d'échelle se sont transformées en vérité chiffrée:
- 13,4 % des arbres ne présentent pas de dommages (classe de dégâts 0),
- 36,6 % des arbres sont légèrement endommagés (classe de dégâts 1),
- 50 % des arbres sont nettement endommagés (des arbres moyennement endommagés), fortement endommagés ou arbres morts (classes de dégâts 2, 3 et 4).
De mi-juillet à mi-août 2019, quatre experts forestiers ont analysé 1.176 arbres afin de déterminer l'état du feuillage, la coloration des feuilles et aiguilles et de repérer les parasites comme les insectes et les champignons.
Cet inventaire phytosanitaire des forêts, effectué tous les ans depuis 1984, montre que la moitié de nos forêts se trouvent fortement endommagées. «C'est le pire état sanitaire qu'on ait jamais eu», assure Frank Wolter. Le directeur de l'Administration de la nature et des forêts rappelle que «dans les années 1990 on était arrivé à environ 40% d'arbres moyennement endommagés, fortement endommagés ou morts. Là on est à 50% !»
un feuillu qui a perdu 50% de son feuillage peut récupérer.
Frank Wolter, directeur de l'Administration de la nature et des forêts
Mais «il faut relativiser» une situation exceptionnelle, «vu les deux étés successifs que nous avons eus». Au-delà des chiffres, le spécialiste de la forêt estime que «les arbres ont bien réagi. Tout dépend à présent de la météo estivale qui va venir. Ça va être difficile si nous avons encore un ou deux étés comme le dernier».
Si les conditions climatiques redeviennent normales, «c'est récupérable», selon lui. Même si «les arbres sont plus exposés à certaines pathologies» (insectes, champignons, bactéries). Fait est qu' «un feuillu qui a perdu 50% de son feuillage peut récupérer. Ce qui nous inquiète, en revanche, ce sont les épicéas. Ils sont en train de dépérir.
Carole Dieschbourg dévoile le «Klima-Bonus»
En réaction à une situation alarmante, Carole Dieschbourg, ministre de l'Environnement, a présenté mercredi les principales mesures du programme «Klima-Bonus» pour la forêt. L'objectif étant de soutenir les gestionnaires forestiers pour qu’ils puissent mettre en œuvre une gestion durable des forêts dans le cadre des enjeux du changement climatique.
La ministre a rappelé les nombreux services rendus par les écosystèmes forestiers à la société comme la protection du sol, la filtration de l'eau et de l'air, la préservation de la biodiversité et d'un milieu de récréation pour tous, le captage du CO2 et la fourniture de bois évidemment.
En résumé, le programme prévoit trois grandes mesures:
- Renforcer les structures de conseil, de formation et d’aide technique, pour les propriétaires forestiers privés qui possèdent 50% de la forêt luxembourgeoise et 80% des résineux, fortement impactés. Une des clefs résidant dans la conversion des monocultures d'épicéas, en peuplements mélangés.
- Adapter les aides financières pour les propriétaires forestiers pour les aider à restaurer les écosystèmes forestiers endommagés par les effets du changement climatique. Le règlement grand-ducal d'aides financières doit être adapté à l'urgence de la situation actuelle et permettre, dès cette saison de plantation, une prise en charge financière totale par l'État des travaux de restauration.
- Mettre en œuvre un système d'aide à la décision pour le choix des essences adaptées après la destruction d'un grand nombre d'épicéas par les scolytes. En 2020, le gouvernement veut mettre à la disposition des propriétaires un «fichier écologique des essences», sur le site du Géoportail national.
