"J'aurais aussi voté non", "on n'est rien", "j'ai honte"
"J'aurais aussi voté non", "on n'est rien", "j'ai honte"
(CR) - Dimanche, les Luxembourgeois votaient massivement, à 78%, contre le droit de vote des étrangers. Suite aux différents articles que nous avons publiés sur le sujet, vous avez été très nombreux à partager, dans les commentaires, votre sentiment suite aux résultats du référendum. Voici ce qui ressort de vos contributions.
Des sentiments différents face aux 78% de "non"
Comme Antonio Da Silva, qui nous confiait avoir vécu ce non massif comme un véritable rejet, Audrey dit avoir "le même sentiment bizarre, après 25 ans et trois enfants nés ici".
"Aujourd'hui, j'ai regardé les gens différemment, je suis vraiment triste", explique-t-elle. "On fait vivre le pays, on le construit, on fait les métiers que les Luxembourgeois ne veulent pas faire, on dépense notre argent gagné ici et on n'est rien..."
Jacques partage sa tristesse: "Nous voilà encore exclus", dit-il simplement, espérant que ses amis n'ont pas voté non.
Pas du tout l'avis de Géraldine, Française, qui ne se sent "nullement rejetée" et va même plus loin en disant: "Si j'avais pu voter, j'aurais voté non aussi!"
Le commentaire de Teresa résume: "Je trouve normal qu'il n'y ait un droit de vote que pour les Luxembourgeois ou ceux qui ont choisi de le devenir ou ont opté pour la double nationalité. De toute façon, la question ne se posera pas pour la nouvelle génération."
"Un vote de contestation, rien d'autre"
Même si Eric aurait aimé accéder au droit de vote, il tempère: "Le vote de ce dimanche m'a déçu, mais ma deuxième patrie, comme il me plaît à dire, me donne déjà le droit de vote dans ma commune de résidence et c'est bien, ce n'est pas le cas dans tous les pays d'Europe."
Il défend les Luxembourgeois et même s'il les trouve "un peu protectionnistes", il affirme que "le Luxembourg est et restera une terre d'accueil et d'intégration."
De son côté, Mireille a des paroles très dures: "C'est bien une des rares fois où j'ai honte d'être Luxembourgeoise!"
Face au désarroi de certains résidents étrangers, certains rassurent: "Personne n'a expliqué aux étrangers que le vote non n'était pas tellement contre eux, en tout cas, en grande partie, mais plutôt contre ce gouvernement", remarque Jean-Marie. "Ce référendum est un vote de contestation contre ce gouvernement, rien d'autre" renchérit André.
La langue luxembourgeoise au cœur du débat
Dans vos commentaires, vous êtes nombreux à évoquer l'acquisition de la nationalité luxembourgeoise comme moyen d'accéder au droit de vote, mais vous décrivez un obstacle de taille: la langue.
En effet, parler ou non le luxembourgeois apparaît comme déterminant dans le processus d'intégration. Si certains s'en sortent très bien, nombre d'entre vous confient être en difficulté face au luxembourgeois.
Ainsi, pour Denis-Marie, "la double nationalité ou la naturalisation sont des solutions. Mais l'extrême écueil d'une langue très difficile et peu parlée, donc chronophage et coûteuse à apprendre, génère trop de difficultés."
Olivier est d'accord et plaide pour que "le gouvernement et le patronat facilitent l'accès au cours de langue luxembourgeoise", véritable "dénominateur commun" selon lui.
Yuzu souligne combien la barrière de l'examen en luxembourgeois nécessaire pour acquérir la nationalité paraît infranchissable. Elle plaide pour une refonte de l'examen: "Des trois langues officielles, la plupart des résidents en parlent au moins une, on devrait donc passer l'examen dans une des trois."
Une idée à laquelle Olivier coupe court: " La langue nationale des Luxembourgeois est le luxembourgeois."
Sur le droit de vote aux étrangers, Martine regrette: "Il suffirait en principe de prendre la nationalité pour régler le problème, cependant, sans connaissance minimale de la langue luxembourgeoise, c'est actuellement impossible pour beaucoup de personnes."
"A mon âge, je me lance!"
Anne-Catherine n'est pas du tout d'accord: "Apprendre le luxembourgeois, je trouve cela tout à fait légitime. les Luxembourgeois n'ont rien contre nous, mais ils ne supportent pas, et moi de même, que l'on néglige leur langue." Et d'ajouter: "Moi, à mon âge, je me lance! Et si moi j'y arrive, tout le monde peut le faire."
Idem pour Godelieve: "Je suis au Luxembourg depuis 47 ans et il m'a fallu six mois pour me débrouiller en luxembourgeois!"
Retrouvez l'ensemble des commentaires cités ici sur notre page Facebook, sous les publications Droit de vote des étrangers: Comment ont-ils vécu le «non» des Luxembourgeois? et Antonio: "C'est comme si on me déracinait une deuxième fois" ainsi qu'au bas de ces deux articles sur wort.lu/fr
