Internet pris par la fièvre du dimanche soir
Internet pris par la fièvre du dimanche soir
Environ 80% du trafic internet luxembourgeois passe par la plateforme LU-CIX. Mais le 1er novembre, les compteurs se sont affolés. Jusqu'à afficher un nouveau record de fréquentation du réseau national avec 277 Gigabits/seconde sollicités. Il était 21h30. «Mais ça n'est pas vraiment une surprise», commente le directeur général de LU-CIX, Claude Demuth. Explications.
Le pays atteint un rush de données échangées alors que la plupart des entreprises sont fermées, un dimanche soir, et vous trouvez cela logique...
Claude Demuth : «Oui, car on aurait tort de penser que les échanges électroniques de données business to business, le transfert de données de la place financière ou l'affluence sur les sites étatiques (comme guichet.lu) créent en fait de gros volumes. Ce n'est rien en comparaison de ce que réclame le streaming. La diffusion et la lecture en ligne et en continu de données multimédias pèsent bien plus lourd. Au point d'avoir abouti à ce rush.
Savez-vous ce qui a été à l'origine de cette boulimie d'internet?
C.D. : «Oui, la vidéo, la vidéo, la vidéo! Les résidents qui ont sollicité le réseau, via les fournisseurs internet mobile ou fixe, ont très largement sollicité une plateforme de streaming mondialement connue (note de la rédaction : supposément Netflix) qui à elle seule représentait la moitié du flux sollicité à l'heure dite. Au même moment, les internautes luxembourgeois étaient également friands d'un réseau social lui aussi très populaire (ndlr : Facebook), d'un moteur de recherche (ndlr : Google) et plus particulièrement sa plateforme de streaming (ndlr: YouTube) pour y accéder à des films, des clips, des mini-vidéos.
Mais, pour vous, cet afflux ne constitue pas une surprise. Ce serait même devenu une habitude du pays chaque dimanche soir...
C.D. : «C'est ce que laissent à penser nos analyses au jour par jour, et heure par heure, de l'utilisation des réseaux LU-CIX. Le même phénomène est constaté à chaque fin de semaine depuis quelques années. Mais là, les résidents ont aussi cédé à un phénomène que je qualifierai de ''saisonnier''. En effet, chaque automne quand les températures baissent et que chacun à tendance à plus vivre chez soi qu'au-dehors, nous constatons une consommation plus forte d'internet. Mais à ce double critère, je crois qu'il faut en ajouter deux autres particularités propres à cette année.
Nous étions en effet un premier dimanche de changement d'heure; la nuit est donc tombée plus tôt. Le public a donc été sur les réseaux plus longtemps et plus nombreux qu'à l'accoutumée. Par ailleurs, c'était également le premier weekend d'application du couvre-feu. Sans doute cela a-t-il un effet chez certains, les poussant à rester à la maison plutôt que sortir et pour occuper leur loisirs à la maison de se pencher sur l'offre vidéo disponible sur les différentes plateformes.
LU-CIX avait-elle déjà fait un lien entre confinement et hausse de la consommation d'internet?
C.D. : «Effectivement, cela a été un constat permanent pendant le premier lockdown. Plus de personnes à domicile, cela s'est traduit par une demande de données plus forte. Au-delà même du phénomène de télétravail qui, je le répète, consomme peu de bande passante. Le boom a été particulièrement marqué aux tout premiers jours du confinement des familles et des scolaires. Les cours en ligne ne fonctionnaient pas encore à 100%, et de ce que nous avons analysé du trafic, il y a dû y avoir de nombreux parents qui ont collé les enfants devant un écran et laissé les films et dessins animés s'enchaîner... Vidéo, vidéo, vidéo d'un côté, et pour nous un flux de données en pleine expansion par rapport à un jour de semaine ordinaire.
Le réseau internet luxembourgeois est-il en capacité de supporter cette montée en charge?
C.D.: «Plus que jamais. En effet, cette année, nous avons étendu la capacité maximale de transfert. Passant d'un seuil de 300 à 800 Gigabits/seconde. Donc vous comprendrez qu'avec un nouveau record ''seulement'' établi à 277 Gbits/sec, nous soyons confiants. Les géants de l'internet qui nous ont fait confiance pour les héberger, par exemple dans notre data-center de Bettembourg, n'ont pas de crainte à avoir, pas plus que les abonnés des différents opérateurs sur le marché luxembourgeois.»
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