Inondation a bien rimé avec pollution
Inondation a bien rimé avec pollution
Il y aura un coût matériel aux inondations de la mi-juillet. L'Etat a déjà prévu quelque 100 millions d'euros et les assureurs 120 millions pour dédommager les milliers de particuliers impactés. Mais il y aura aussi une facture environnementale. Car avec les pluies torrentielles des 14-15 juillet derniers (mais aussi celles de juin), Dame Nature s'est fait beaucoup de mal à elle-même. En effet, les eaux sorties des rivières sont venues recouvrir des milieux qui ne leur étaient guère favorables.
Ainsi, en noyant certains parkings et des centaines de véhicules, les eaux ont pu se charger en huile et autres carburants. En envahissant certains campings, les courants ont emporté des bouteilles de gaz. En rentrant dans les caves, égouts et canalisations, les crues ont aussi gonflé de tonnes de débris en tous genres.
Autant d'altérations difficilement estimables, y compris pour le ministère de l'Environnement. L'analyse a d'ailleurs été rendue plus compliquée qu'en temps normal car plusieurs stations d'analyse de la qualité des eaux de surface ont été endommagées par les fortes crues de ces deux jours.
Douze signalements
De fait, la ministre Carole Dieschbourg (Déi Gréng) reconnait que «d'éventuelles pollutions n’ont ainsi pas pu être détectées» pendant les phénomènes d’inondations et les jours suivants. Toutefois, en deux mois, pas moins de douze signalements de pollution de cours d'eau luxembourgeois sont remontés à l'administration de la gestion de l'eau. La face émergée de l'iceberg en somme, car le bilan doit être bien plus conséquent en réalité.
«Dix de ces problèmes étaient liés à un déversement d’hydrocarbures, principalement du fioul domestique, provenant de réservoirs inondés», a été informée la députée Myriam Cecchetti (déi Lénk) venue aux nouvelles. Signe d'ailleurs que la question n'est pas à prendre à la légère, les autorités n'avaient pas tardé à recommander aux particuliers de ne pas consommer les légumes de leur jardin qui auraient pu être touchés par ces eaux à la composition douteuse, possiblement néfastes à la santé...
Si la surveillance de «l’état chimique et écologique» des rivières s'avère toujours d'actualité, c'est aussi en raison des destructions entraînées sur plusieurs stations d'épuration du pays. Quatre ont subi de sérieux dégâts, note la ministre de l'Environnement. Cela alors même que ces installations étaient construites selon des normes devant les protéger de crues centennales. C'est dire la violence de cette épisode, classé au titre de «plus importante catastrophe naturelle» dans l'histoire du Luxembourg.
Les courants, les boues et les sédiments n'ont ainsi pas épargné les stations de Bettembourg, Echternach, Rosport et Moersdorf. A chaque fois, sur des périodes plus ou moins longues, le traitement des eaux usées des ménages n'a donc plus été optimal. Et sans doute que, sur ces périodes, les rejets dans l'environnement n'ont pas été à la hauteur des exigences habituelles. Une période la plus courte possible en fonction de la réactivité des différents gestionnaires pour mettre en place les moyens d'assurer au mieux une filtration et une dépollution des eaux entrantes.
Mais, prévient Carole Dieschbourg, de prochaines interventions seront nécessaires «afin de remplacer les installations provisoires ainsi que le nettoyage de certains bassins». Avec les conséquences en cascade pour les assureurs.
En attendant cette remise en état, l'administration de la gestion de l'eau poursuivra ses contrôles visuels et mesures de la qualité des cours d'eau. Alzette, Our et Sûre en tête. Tout comme ses équipes poursuivront l'indispensable nettoyage du lit des rivières et de leurs abords. Un travail de longue haleine mené aussi, ici ou là, via diverses initiatives citoyennes ou communales.
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