«Il n'existe pas de cadre légal pour le coworking»
«Il n'existe pas de cadre légal pour le coworking»
Avec la ratification de la convention fiscale entre la France et le Luxembourg par les députés de la Chambre, mardi 2 juillet dernier, les frontaliers français disposent officiellement de 29 jours de télétravail accordés par le gouvernement.
Une avancée qui permet aux Français de dominer légèrement les Belges, qui, à l'heure actuelle, disposent toujours de 24 jours de télétravail possibles - un chiffre qui doit doubler selon le futur accord de coalition du Royaume - et surpasse surtout les Allemands et leurs 19 jours accordés.
Au «domicile» du salarié
Une bonne nouvelle donc, compte tenu des difficultés de circulation vers et dans le pays, mais qui se heurte à un problème: le terme même de «télétravail» tel que défini par l'accord de coalition prône une «prestation effectuée dans un endroit autre que dans les locaux de l'employeur, et plus particulièrement au domicile du salarié».
Une définition du télétravail qui met à mal le concept de «coworking», ces espaces qui fleurissent au Luxembourg et aux frontières et permettent aux personnels de travailler à distance, dans un espace dédié. Actuellement, une vingtaine de structures de ce type sont ouvertes au Luxembourg, comme le montre la carte ci-dessous:
Le concept de «coworking» intéresse pourtant de nombreuses entreprises, selon le ministère de l'Aménagement du Territoire. «Les secteurs les plus intéressés sont ceux de la finance et des assurances, ainsi que ceux de l'information et de la communication», détaille un porte-parole, ajoutant qu'«une stratégie globale pour définir une démarche générale à appliquer pour chaque site potentiel est en train d'être élaborée».
Une stratégie qui s'impose pour le Luxembourg, si le pays souhaite conserver son attractivité. De nombreux frontaliers ont en effet décidé de quitter le Grand-Duché, las des problèmes de mobilité croissants et constants pour gagner la capitale, chaque jour. Les salaires luxembourgeois n'attirent plus autant qu'auparavant, et c'est davantage sur cette question de flexibilité du travail que les entreprises et le gouvernement sont attendus.
Un «nouveau phénomène»
Problème, si le ministère de l'Aménagement du Territoire se dit totalement favorable à la création d'espaces dédiés au télétravail, notamment si les «critères sont respectés et que le projet apporte une plus-value à la réduction des problèmes actuels, notamment en matière de transports», le son de cloche n'est pas le même du côté du ministère du Travail et des Finances.
Pour le premier, la définition même du télétravail telle que voulue par la législation luxembourgeoise ne tient tout simplement pas compte des espaces de coworking. «Il n'existe pas encore de cadre légal qui tient vraiment compte de tous les aspects de ce nouveau phénomène», explique le ministère du Travail, qui n'est également pas en mesure de dire, si, «à court ou à moyen terme, une législation relative au coworking entrera en vigueur».
Divergences entre ministères
Le ministère de Dan Kersch (LSAP) renvoie la balle du côté du ministère des Finances. Ce dernier doit négocier avec chaque pays individuellement pour parvenir à des accords, comme ce fut le cas en mars 2017 avec la France. Contacté par la rédaction, afin d'avoir des informations relatives au coworking au Grand-Duché, le ministère des Finances n'était pas en mesure de nous répondre.
Ces divergences entre ministères posent question face à un phénomène prenant de plus en plus d'ampleur au sein du pays. Selon le département de l'aménagement du territoire, «des discussions sont en cours pour développer des projets relatifs au co-travail devant se situer le long des principaux axes routiers luxembourgeois».
Mais le phénomène n'est pas nouveau: le premier centre de coworking a ouvert ses portes en 2012 et les derniers chiffres détaillés sur le télétravail par le Statec font état d'une nette augmentation dans le pays: + 3,1% en cinq ans, entre 2011 et 2016, soit, 6,1% de personnes ayant travaillé au minimum 8 heures par semaine de leur domicile en 2015. Une statistique qui, à l'époque, ne prenait pas en compte les frontaliers.
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