Henri Kox en selle pour un pays plus vert
Henri Kox en selle pour un pays plus vert
(pj avec Michèle Gantenbein) Neuf heures du matin, piste cyclable de Remich. Henri Kox connaît le coin comme sa poche. Il demeure rue Neuve, un axe où seuls les riverains peuvent venir en voiture. Pas de quoi déplaire à l'écologiste qui a racheté là une vieille ferme qu'il a fait sienne. L'ingénieur de formation a lui-même reconverti l'habitation. Permaculture dans le jardin, panneaux photovoltaïques sur le toit, dans le garage une petite voiture électronique et un vélo à assistance électrique... Pas de doute, l'actuel ministre du Logement et désormais ministre de la Sécurité intérieure pense Déi Gréng, et vit vert.
A deux pas, sa voisine est elle aussi membre du gouvernement. Il s'agit de la politique la plus appréciée des Luxembourgeois, selon le dernier Politmonitor. Devançant même Jean Asselborn dans l'exercice : il s'agit de Paulette Lenert (LSAP). Mais ces deux-là ne se croisent plus aussi souvent, la crise du covid ayant bouleversé leur agenda. Mais s'il est une habitude qu'Henri Kox tente de préserver c'est bien d'aller, une fois par semaine, à son bureau dans le gratte-ciel du ministère au Kirchberg, place de l'Europe.
Sur le trajet vers le Biodiversum de Remerschen, Henri Kox parle de sa famille, de ses frères et sœurs, de ce que ses enfants étudient. A 59 ans, il évoque aussi sa mère, passée du CSV aux Verts. Ou du changement de perception de sa personne qu'il a ressenti une fois devenu ministre plutôt que bourgmestre «En tant que bourgmestre, vous allez recevoir beaucoup de coups.» Aujourd'hui, le Luxembourgeois sait qu'il ne sauvera pas le marché du logement, mais il veut marquer une différence.
Ses priorités actuelles sont le pacte logement et la nouvelle loi sur les loyers. Et Henri Kox s'attend à ce que ces instruments aient un premier impact structurel important. Mais le ministre écolo sait qu'il y a d'autres problèmes à régler au Grand-Duché, comme la mobilité. Le télétravail lui semble constituer un bon moyen de lutter contre les embouteillages (et les émissions de CO2). «Sans la crise sanitaire de ce début 2020, nous n'aurions jamais fait de progrès dans ce domaine», souligne-t-il.
Au passage, son propre ministère du Logement donne l'exemple. En test, les fonctionnaires ont été invités à partager leur semaine : deux jours de travail à domicile, trois jours au bureau. «Ça marche. La vidéoconférence est efficace, mais pour être vraiment efficace, il faut aussi s'asseoir en face les uns des autres».
A l'entendre, vie et mobilité vont de pair. Dans les zones urbaines, ce n'est pas un problème. La connexion aux transports publics, la proximité du lieu de travail, des centres commerciaux, des médecins et des pharmacies rendent la voiture superflue. Et quiconque a encore besoin occasionnellement d'un véhicule doit pouvoir se rabattre sur des solutions de mobilité appropriées. Car-sharing ou location de voitures, il rêve de voir se déployer les services rendant inutile la possession d'une voiture.
Mais, à ses yeux, ce programme vaut aussi pour les zones rurales. Et c'est ainsi que dans le programme de construction du nouveau village d'Elmen, tout habitant devra garer son véhicule dans un parking collectif à l'extérieur. «Il faudrait aussi un service de covoiturage pour que les personnes qui n'ont pas de voiture puissent en emprunter une si nécessaire».
Et Henri Kox d'insister pour que les communes repensent leur planification de construction de logements et d'aménagements autour. «L'obligation de fournir à chaque unité de logement deux places de parking n'est plus appropriée», affirme le ministre. Ainsi, les parkings collectifs, une conception intelligente de l'espace qui prend en compte les différentes formes de mobilité, figurent parmi les initiatives soutenues financièrement dans le nouveau Pacte logement. À partir de cet automne, trois communes (Mondorf-les-Bains, Beckerich et Wiltz) testeront les instruments de ce Pacte logement 2.0. On verra si elles suivent cette voie.
Aujourd'hui, le gouvernement s'appuie beaucoup sur la mobilité électrique. Quitte à certaines exagérations dans le propos, n'est-ce pas M. le ministre de l'Energie? Mais l'hydrogène ne serait-il pas le carburant idéal? «Il n'y a pas une seule solution», soutient Henri Kox. Lui voit davantage la technologie de l'hydrogène utilisée pour le transport aérien. Sur la route, il est plus probable que l'électromobilité s'impose, notamment en raison de son efficacité. «Il n'y a pas de problème avec un véhicule électrique», veut convaincre celui qui a fait son entrée au gouvernement en octobre 2019.
Kox croit que le futur appartient aux «prosommateurs». Ces citoyens qui seront à la fois producteurs et consommateurs d'électricité. Grâce à ce principe, la production d'électricité n'est plus du seul ressort des grandes entreprises, mais aussi des particuliers, des municipalités ou des entreprises énergétiques civiles.
A l'exemple de ce qui s'est développé au Danemark. «Il y a là-bas des villages qui sont complètement autosuffisants, avec des éoliennes, de l'électricité et des installations de stockage thermique.» Mais la généralisation ne pourra se faire que si le coût de certaines installations dédiées aux énergies renouvelables baisse.
Il en discuterait bien, mais 18 appels manqués le temps de l'entretien en selle le pressent d'abréger l'échange. «Je dois y aller», lâche Henri Kox et de repartir au sprint vers ses devoirs ministériels.
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