«Fokker aurait dû être présent au procès»
«Fokker aurait dû être présent au procès»
Maître Georges Pierret a été le représentant légal du pilote survivant lors du procès du crash du Fokker de Luxair il y a 20 ans. L'avocat de 68 ans a appris l'accident du 6 novembre 2002 dans son bureau: «Je me souviens encore exactement où j'étais assis. Je me suis tout de suite demandé comment une telle chose avait pu arriver».
Georges Pierret, quels souvenirs gardez-vous du crash du Fokker de Luxair?
«Pour moi, il était inconcevable qu'un avion Luxair s'écrase. Je me suis assez rapidement posé la question de savoir quelles étaient les causes d'un tel accident. Un avion ne s'écrase pas comme ça. Plusieurs éléments doivent être réunis. À ce moment-là, je n'avais pas encore rencontré le pilote. Lorsque ce fut le cas et que j'ai eu connaissance du dossier, je me suis demandé pourquoi on avait autorisé cet avion à voler.
Vous évoquez l'inversion de poussée qui a été actionnée - volontairement ou non - pendant le vol, qui a stoppé les réacteurs et a provoqué le crash. Lors du procès, vous aviez demandé l'acquittement du pilote. Dans quel état d'esprit avez-vous abordé le procès?
«Pour moi, le point décisif de l'accident n'était pas d'éventuelles erreurs du pilote. Selon moi, ce n'est pas à cause de celles-ci que l'avion s'est écrasé. L'atterrissage n'aurait pas été conforme aux règles et était donc désagréable pour les passagers.
Mais l'avion n'était pas à la pointe de l'équipement. Le constructeur Fokker et Luxair étaient au courant du problème, à savoir que l'inverseur de poussée pouvait également être actionné en vol, et pas seulement, comme les pilotes le pensaient, uniquement au sol. Fokker avait envoyé une lettre aux compagnies aériennes, dont Luxair, les informant qu'elles allaient remédier à ce problème. Cette lettre précisait également qu'un accident n'était pas à exclure. À mon avis, l'avion n'aurait plus dû voler.
L'avion n'était pas à la pointe de l'équipement.
Maître Georges Pierret
Fokker avait fait une recommandation, pas une demande formelle...
«Il y a trois types d'informations, celle-ci était en deuxième position. Peu de temps après, un avion s'est écrasé pour les mêmes raisons (Ndlr: le 10 février 2004, Kish Air à Shardja, 43 morts). On n'avait donc pas tiré de leçon.
À votre avis, en tant que constructeur, Fokker aurait-il dû être mis en accusation?
«Oui, mais la chambre du conseil a estimé qu'il n'y avait pas de lien direct entre l'éventuelle erreur de Fokker et le crash. Mais il s'agissait d'un homicide involontaire lors du procès, et dans ce cas, toute erreur, même minime, compte. Fokker aurait également dû être présent au procès pour assumer sa responsabilité.
L'entreprise Luxair, qui a vu trois de ses techniciens écoper de peines avec sursis et trois membres de sa direction être acquittés, s'en est-elle trop bien tirée?
«C'est difficile à dire. Les juges qui ont prononcé le jugement ont bien sûr réfléchi. Mais un fait est que Luxair est responsable de la mort de 20 personnes. Il y a eu de nombreuses tragédies humaines. Le père de Michel Majerus était présent tous les jours au procès. Ce matin-là, il allait chercher son fils à l'aéroport. Il n'a pas su tout de suite que l'avion s'était écrasé. Il y a eu des manquements.
Comment le pilote se sent-il aujourd'hui?
«Il a beaucoup souffert de l'accident et porte en lui beaucoup de regrets. C'était un pilote né, sa licence lui a été retirée et sa vie professionnelle s'est terminée à ce moment-là. Sa famille l'a beaucoup soutenu.»
Cet article a été publié pour la première fois sur www.wort.lu/de
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