Flavio Beca à l'heure d'un nouveau procès
Flavio Beca à l'heure d'un nouveau procès
(pj avec Marc Hoscheid) Les chantiers (comme celui géantissime du quartier Cloche d'Or) ou les terrains de foot lui sont familiers, un peu moins les salles de justice. C'est pourtant au tribunal de grande instance de Luxembourg que Flavio Becca, 58 ans, avait rendez-vous en ce début d'année 2021. A charge pour l'entrepreneur de répondre des accusations d'abus d'actifs et blanchiment d'argent qui pèsent sur lui.
Et c'est notamment l’acquisition de 842 montres de grands joailliers (estimées pour 18 millions d'euros) qui interroge les juges de la 12e chambre criminelle. Leur achat, même au terme de la première journée d'audience de ce 12 janvier, reste encore opaque.
Flavio Becca a justifié cette passion, par une tradition familiale. Voilà a priori trois générations que dans sa famille l'on se passionne pour les montres de grande marque. Mais il apparaît que certains de ces coûteux bijoux ont tantôt été acquis en son nom et tantôt par l'intermédiaire de plusieurs de ses entreprises. Interrogé par le juge pour avoir s'il avait de lui-même réalisé des achats de montres en bijouterie, le mis en cause a répondu que cela aurait bien pu être le cas. Pas de quoi éclaircir les faits reprochés donc.
A qui les cadeaux?
Dans cette affaire, tout a démarré suite à des doutes provenant de l'administration fiscale. En 2011, les inspecteurs avaient alors constaté diverses irrégularités de gestion dans certaines des entreprises sous la coupe de l'homme d'affaires. Ainsi, les sociétés Europoint, Eurofoot et Eurofresh avaient enregistré plusieurs transactions en tant que «frais de cadeaux», mais ne voulaient révéler à qui ces cadeaux avaient été destinés. D'où l'action en justice du fisc et l'enquête menée par la police grand-ducale. Une autorité dont les agents allaient alors mener des perquisitions durant plusieurs mois.
A l'époque, il avait même été question d'aller regarder de plus près les livres de compte de l'équipe cycliste Leopard Trek (dont Becca était actionnaire). Mais en plein Tour de France, et pour ne pas déstabiliser l'épopée des frères Schleck, choix avait été fait de reporter les investigations de quelques semaines.
Lors d'une fouille, un peu plus de 600 montres ou chronographes ont été retrouvés dans une pièce protégée. Dispersés dans des tiroirs, mais hors de leur boite d'origine rendant toute identification du modèle, de son numéro de série et lieu de vente difficiles à établir. Un examen approfondi de certaines factures a permis ensuite de déterminer que plus de 800 montres avaient été achetées par les entreprises de l'empire Becca. Un entrepreneur reconnaissant qu'effectivement près de 200 modèles avaient pu être distribués à des proches, cercle familial compris.
Suite des débats
Plus difficile a été de retracer l'acquisition même des montres. Quelque 70 revendeurs, principalement à l'étranger, ont pu cependant être identifiés. Mais les marchands et autres maisons de luxe ne se sont guère montrés loquaces avec les enquêteurs sur les conditions d'achat, selon la police.
Le procès se poursuit mercredi.
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