Faute de vols, Luxair pourrait perdre ses créneaux
Faute de vols, Luxair pourrait perdre ses créneaux
(m.d. avec Emery P. Dalesio) Sale temps pour Luxair. Après un début de saison estivale «relativement faible» d'après son PDG, la compagnie aérienne tremble à l'approche de l'hiver. Car selon un règlement européen, la société luxembourgeoise devra honorer au moins 50% de ses créneaux horaires à partir du mois d'octobre, quitte à devoir voler à vide ou presque. Sans quoi elle risque de les perdre.
«La situation est tendue, car je m'attends à ce que l'hiver soit pire que l'été», indique Gilles Feith au Luxembourg Times. Le directeur général de Luxair précise que déjà pendant l'été, la compagnie avait dû «renoncer à voler» sur certains créneaux cruciaux «pour diverses raisons», tout en assurant des vols déficitaires vers Paris et Genève pour protéger ses droits d'atterrissage.
Le risque pour la compagnie aérienne est de voir ses vols du matin ou du soir dans les capitales européennes réattribués à des concurrents low-cost comme Ryanair ou Wizz Air. Des créneaux «essentiels pour les voyages d'affaires», tout comme le tourisme, et dont la perte pourrait continuer de fragiliser Luxair. S'ils ne peuvent pas faire l'aller-retour entre Milan et Luxembourg dans la journée, ou rentrer des Canaries le dimanche soir, les clients risquent en effet de bouder la société luxembourgeoise.
Sans compter que ces droits d'atterrissage permettent également de limiter le temps d'attente entre les correspondances pour les vols long-courriers.
Les petites compagnies comme Luxair, classée 166e dans la liste des plus grandes sociétés aériennes du monde, sont les plus pénalisées par le système européen. Le ministre luxembourgeois de la Mobilité, François Bausch (Déi Gréng) avait pourtant demandé à ce que le minima obligatoire soit revu à la baisse. Il avait notamment proposé à la Commission européenne que les sociétés historiques mais fragilisées par le covid n'aient à utiliser que 30% de leurs créneaux horaires réservés.
Peine perdue. Ainsi, si les compagnies européennes pourront céder la moitié de leurs créneaux tout en pouvant les récupérer plus tard, l'autre moitié doit absolument être honorée. Des projections «trop optimistes» selon l'association du transport aérien international, qui craint la multiplication des «vols fantômes», des avions vides de passagers (ou presque) qui volent pour respecter les quotas. Autrement dit des émissions carbone injustifiées à l'heure où le GIEC lance une alerte rouge pour la planète.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
