Faut-il interdire les marchés?
Faut-il interdire les marchés?
Bonne nouvelle pour les primeurs. En ces temps de confinement, les marchés en plein air remportent un franc succès. A l'instar du rendez-vous bihebdomadaire sur la place Guillaume dans la capitale qui ne désemplit pas. L'échevin responsable des marchés, Patrick Golschmidt (DP), admet que c'est «un peu un paradoxe». «On fait de la pub toute l'année et l'on n'a pas assez de visiteurs. Maintenant, on doit plutôt stopper la réclame parce qu'il y a vraiment plus de gens que d'habitude», explique-t-il.
Pour l'édile, les raisons de ce succès sont multiples. Evidemment, avec la fermeture des restaurants, il faut cuisiner plus souvent à la maison et «venir au marché en ce moment, c'est assez simple : il n'y a pas de bouchons et les parkings sont vides. Et puis, les gens ont tellement envie de sortir...», commente Patrick Goldschmidt. Du coup, le temps de quelques courses, le message «Restez chez vous» devient inaudible.
La Ville a naturellement adapté quelque peu l'organisation de son marché. Les commerçants ont été priés de porter des gants, un système de files est organisé et quelques barrières ont également été installées. «Pour l'instant, les mesures nous semblent suffisantes car les gens sont très disciplinés», assure l'échevin libéral.
Par ailleurs, depuis deux semaines, les fleuristes ne sont plus de la partie. La Ville envisage ainsi d'étendre le plan d'emplacement des quelque 30 stands vers le palais afin d'offrir plus d'espace entre les différents exposants.
Parmi eux, présent sur le Knuedler «depuis toujours», le producteur de légumes, Nikki Kirsch, confirme lui aussi un regain d'activité sur le marché. Il constate que «99% des clients respectent les consignes. Il y a malheureusement toujours cette minorité qui pense être au-dessus de la loi et sort de la file».
La discipline à Esch-sur-Alzette
Pas de quoi ôter sa bonne humeur au marchand des quatre-saisons qui pense que l'intérêt pour le marché tient aussi dans la «volonté de consommer des produits locaux». Egalement présente sur la plateforme letzshop.lu, son activité tourne donc à plein régime. «Que cela soit pour le site "corona" ou le volet traditionnel, il nous arrive de préparer 50 commandes par jour, les ventes sont énormes», relate le commerçant.
Dans le sud du pays, le scénario semble identique. Le marché de la place de l'hôtel de ville à Esch-sur-Alzette fait un tabac. Là encore, les clients font preuve de bon sens. «Les Eschois sont très disciplinés, ils ne vont pas au marché pour papoter», assure l'échevin Pim Knaff (DP).
Ici, le client demande ce qu'il veut au commerçant et ne touche pas six tomates pour prendre la septième
Pim Knaff, échevin d'Esch-sur-Alzette
«Voir du monde sur la place les jours de marché, cela me choque bien moins que ce qui se passe dans les supermarchés», assume Pim Knaff. «Un marché, c'est en plein air: il n'y a pas de caddies passant de mains en mains. Ici, le client demande ce qu'il veut au commerçant et ne touche pas six tomates pour prendre la septième». A Esch, «à moins que l'on reçoive de nouvelles recommandations», le marché continuera donc à se tenir deux fois par semaine.
Ce qui n'est pas le cas à Dudelange, où le collège échevinal a décidé de fermer le marché jusqu'à nouvel ordre. Dans la Forge du Sud, cette mesure a été prise officiellement parce qu'«il y est difficile de respecter les distances de sécurité». Mais aussi parce que «nos seniors sont très nombreux à aimer s'y retrouver»; le risque de contamination devenait trop grand donc. Pour remplacer au mieux le rendez-vous hebdomadaire dans la commune, un système de livraison à domicile avec une dizaine de commerçants a été mis en place.
Une décision de fermeture qui n'enchante guère les ambulants, mais ce choix ne sera pas suivi par les autres communes comme Diekirch, Kayl, Differdange, Ettelbruck, Strassen ou Hesperange. Chaque commune a fait savoir qu'elle entendait conserver son marché respectif.
Reste qu'à Luxembourg, des mesures supplémentaires sont néanmoins à l'étude pour encadrer le marché. «Rajouter des barrières est envisageable si cela s'avère nécessaire», explique l'échevin, Patrick Goldschmidt. «On peut aussi imaginer un système de filtrage des entrées sur la place, mais ce serait plus compliqué à gérer», explique-t-il. Mais que les clients se le tiennent pour dit: «Nous allons charger des agents municipaux de circuler entre les allées afin de rappeler, si nécessaire, qu'il ne faut pas faire la causette».
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