Faites le point sur le référendum
Faites le point sur le référendum
Par Virginie Orlandi - @OrlandiVirginie
Dimanche 7 juin, trois questions vont être posées aux Luxembourgeois et feront l'objet d'un référendum consultatif ayant pour objectif de changer la Constitution du pays. Trois questions chères aux trois partis de coalition (DP, LSAP, Déi Gréng) qui, constatant qu'ils n'auraient pas l'adhésion des deux tiers de la Chambre des députés, ont préféré les soumettre directement au vote des Luxembourgeois.
Initialement, le gouvernement avait prévu de poser une quatrième question, celle de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Cependant, en janvier dernier, l'Etat a signé un accord avec les communautés religieuses du pays.
Le droit de vote à partir de 16 ans, le mandat limité et le droit de vote des étrangers, voici sur quoi le peuple luxembourgeois va devoir se prononcer ce dimanche. Si les questions relatives au droit de vote des mineurs et au mandat limité ont modérément mobilisés les foules, la question du droit de vote des étrangers a, quant à elle, défrayé la chronique au point de valoir au Premier ministre, Xavier Bettel, une menace de mort via les réseaux sociaux.
Cette dernière question concernerait quelque 35.000 résidents étrangers sur les 248.000 résidents étrangers comptabilisés en 2014) et plusieurs sondages réalisés en amont du référendum ont d'ailleurs montré une tendance nettement orientée vers le "non" aux trois questions.
Lors du dernier Politmonitor, datant du 6 mai, aucune des trois questions n'emportait l'adhésion des électeurs: pour le droit de vote à 16 ans, 68% des Luxembourgeois étaient contre, le mandat limité récoltait 44% d'avis négatif et 53% des interrogés étaient contre le droit de vote des étrangers.
Qui appelle à voter quoi
Les trois partis du gouvernement (DP, LSAP, Déi Gréng) se prononcent du trois fois "oui" et cela pour les trois questions. Déi Lénk, l'extrême gauche, a également donné la même consigne de vote.
Le plus grand parti de l’opposition, le CSV, est quant à lui contre les trois propositions, tout comme l’ADR.
La société civile s’est également prononcée, de manière plus ou moins explicite. Ainsi, l’Eglise catholique s’est déclarée en faveur du droit de vote des étrangers mais n'a pas donné d’avis quant aux deux autres questions.
Autre secteur: la culture: 43 acteurs culturels du pays ont manifesté leur encouragement à voter "oui" au référendum du 7 juin portant sur le droit de vote des étrangers. Là encore, les deux autres questions n’ont pas été évoquées.
Et le monde de l'économie dont 50 chefs d'entreprise, acteurs de l'économie luxembourgeoise, déclarent être favorables à l'ouverture du droit de vote aux étrangers à condition qu'ils résident depuis dix ans dans le pays et qu'ils participent activement aux élections.
Le Parlement des Jeunes, s'est déclaré favorable au droit de vote à partir de 16 ans et des étrangers mais est contre la limitation du mandat des membres du gouvernement.
Les syndicats ont également donné leur position. Le LCGB a affirmé qu'il est pour l'ouverture du droit de vote aux étrangers mais qu'il est contre la limitation des mandats de ministres à dix ans et contre le droit de vote à 16 ans.
Qui sont les électeurs étrangers potentiels?
Actuellement, 35.000 résidents étrangers remplissent toutes les conditions pour accéder au droit de vote si le "oui" l'emporte dimanche. Lors du dernier recensement en 2011, le nombre d’étrangers âgés de 18 ans et plus était de 173.761 personnes dont 88.552 personnes résidaient depuis au moins 10 ans au Luxembourg, condition sine qua non pour accéder au droit de vote.
Ces résidents doivent néanmoins remplir une deuxième condition s’ils veulent accéder aux urnes: il faut qu'ils aient au préalable participé soit aux élections communales, soit aux élections européennes.
A la date actuelle, seules 35.000 personnes remplissent ces deux conditions, mais vu que les prochaines élections communales auront lieu avant les élections législatives, ce nombre devrait en toute logique augmenter.
L'avis des résidents étrangers sur le droit de vote
Le sondage effectué par Quest pour le Luxemburger Wort auprès de 538 résidents étrangers entre le 17 et le 24 avril montre que les expatriés du Luxembourg souhaiteraient être davantage partie prenante des décisions politiques du pays.
Lors des questions ouvertes du sondage sur la politique, les résidents étrangers parlent de "discrimination politique envers les 42% de la population résidente".
Pourtant, le vote est ouvert aux étrangers lors des élections communales et seulement 18% d'entre eux en ont profité lors des dernières élections communales en 2011: 31.019 électeurs étrangers inscrits sur 172.761 résidents étrangers ont voté.
D'après le sondage, 15 expatriés sur 100 ne savent pas qu'ils peuvent participer à ces élections. Un chiffre qui se resserre en ce qui concerne les jeunes puisqu'ils sont 1 sur 4 à ne pas être au courant qu'ils peuvent voter.
Faut-il alors rendre le vote obligatoire auprès de la population des résidents étrangers comme c'est déjà le cas pour les Luxembourgeois?
Le panel répond majoritairement par l'affirmative puisque 7 personnes sur 10 pensent qu'il faut soumettre les étrangers à la même obligation de vote que les Luxembourgeois.
