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Face au racisme, l'Uni prend les devants
Luxembourg 3 min. 19.06.2019 Cet article est archivé

Face au racisme, l'Uni prend les devants

Face au racisme, l'Uni prend les devants

Photo: Shutterstock
Luxembourg 3 min. 19.06.2019 Cet article est archivé

Face au racisme, l'Uni prend les devants

Sophie WIESSLER
Sophie WIESSLER
Alors qu'une étudiante camerounaise confiait, il y a quelques mois, être l'objet d'attaques racistes au sein de la faculté de Belval, un poste d'«inclusion officer» a été créé afin d'aider les étudiants de tous horizons à s'intégrer.

21 cas de discrimination raciale ont été recensés pour l'année 2018 au Luxembourg, selon le Centre pour l'Egalité de Traitement (CET). Parmi eux, Armelle*, étudiante en master à l'Uni de Luxembourg, qui s'était confiée au Luxemburger Wort au mois de février dernier.


Victimes du racisme ordinaire au Luxembourg
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La jeune femme, d'origine camerounaise, avait instantanément capté la défiance de ses camarades, avant de se voir complètement exclue.

Des cas «rares» de racisme à l'Uni

Face à ces attaques, l'université située sur le site de Belval a pris les choses en main. Elle a ainsi créé un poste en charge de ces questions délicates: l'«inclusion officer».

Joanna West aide les étudiants à s'intégrer à l'Université.
Joanna West aide les étudiants à s'intégrer à l'Université.
Photo: M. Brumat

Une fonction qu'occupe Joanna West depuis le mois de novembre 2018. Outre les problèmes de santé physiques ou moraux, cette psychologue de formation traite également des problèmes de racisme. Des cas «très rares» au sein de l'établissement mais pas inexistants.

S'intégrer à l'Université

Ainsi, depuis la prise de fonction du recteur, Stéphane Pallage, seul un cas de racisme a été sanctionné. Une mesure nécessaire pour le nouveau directeur, intransigeant sur ces questions de discriminations: «sinon le message ne passe pas», appuie-t-il.

La plus grande partie du travail de Joanna consiste à aider les personnes à s'intégrer à l'Université. Si la psychologue n'entre pas dans les détails de ses consultations par respect pour ses élèves, elle explique travailler ces derniers mois essentiellement avec des réfugiés et des demandeurs d'asile.

Un travail délicat

La jeune femme précise en riant ne «pas déambuler dans les couloirs» à la recherche de personnes en difficulté. Ce sont généralement les élèves qui viennent la trouver, soit de leur plein gré, soit via la recommandation d'un professeur.

«C'est toujours difficile pour l'étudiant de venir me voir la première fois, mais c'est normal. Il va devoir se confier, sur un sujet généralement négatif, qui le touche particulièrement. Il faut construire une relation de confiance. Après la première rencontre, les choses se déroulent naturellement», explique-t-elle.

Elle prend ainsi le temps de développer une discussion ouverte avec les élèves. Un travail délicat, qui demande du temps, pour elle qui reçoit en moyenne quatre à cinq étudiants par jour. «Je n'ai pas chômé», plaisante-t-elle.

«Il faut être vigilants»

Les rares cas de racisme signalés à l'Uni se sont tous soldés par un accord mutuel. «Nous n'avons pas eu de cas similaire à celui de l'Université de Lorraine. Je n'ai eu aucune affaire qui concernait les réseaux sociaux par exemple», détaille la psychologue.

Pour rappel, plusieurs étudiants noirs de l'université de Metz ont en effet été pris pour cible sur les réseaux sociaux en avril dernier. Des attaques qui ont mené à une enquête judiciaire.


L'université de Lorraine au cœur d'une enquête pour racisme
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Si aucun cas de ce type n'a eu lieu au Luxembourg, la vigilance est tout de même de mise pour les responsables de l'Uni. «Nous ne sommes jamais à l'abri malheureusement. Il faut être vigilant et notre règlement est très ferme sur ces questions. L'Université doit être le reflet d'une société luxembourgeoise accueillante», conclut le recteur.

Une société luxembourgeoise qui, selon les chiffres du Statec d'avril 2019, comprenait 47% d'étrangers résidents, mais qui fait figure de mauvais élève dans le rapport européen «Etre noir dans l'UE», avec un taux de discrimination situé à 50%, bien au-delà de la moyenne européenne.

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