Et si un hôpital «spécial covid» voyait le jour?
Et si un hôpital «spécial covid» voyait le jour?
(pj avec Annette Welsch) Le Luxembourg manque encore et toujours de médecins. Et ce premier semestre de crise covid n'a fait que remettre en évidence ce constat. C'est là une des conclusions que vient de remettre l'Association des médecins et médecins-dentistes du pays à Paulette Lenert (LSAP). La ministre de la Santé sollicitant l'avis des professionnels sur la gestion sanitaire des six derniers mois. Pour le Dr Alain Schmit, président de l'AMMD, ce bilan a donc été l'occasion de souligner les carences et les points forts du système de prise en charge des malades.
La pénurie de médecins se serait même aggravée ces derniers mois. En effet, nombre de collègues âgés ont préféré se retirer et des professionnels plus jeunes ont, eux, choisi d'aller pratiquer à l'étranger. «Le rapport de l'an dernier sur ce sujet reste donc d'actualité : les chiffres et la structure par âge sont alarmants. Nous ne sommes pas nombreux, et quand quelque chose comme la pandémie se produit, nous atteignons rapidement nos limites», estime le Dr Schmit. Cette faiblesse devrait, entre autres, faire l'objet du Gesondheetsdësch. Ces pourparlers, interrompus par l'épisode coronavirus, devraient reprendre en septembre.
L'association professionnelle remet aussi sur le tapis la forte proportion, à ses yeux, de soins pratiqués à l'hôpital. Si les centres hospitaliers ont mis en place des parcours de prise en charge différenciés pour les malades covid et les autres patients, l'AMMD estime qu'il y a toujours trop de monde circulant par les grosses structures, au risque de les surcharger inutilement.
Pour Alain Schmit et ses collègues, la création de bien plus de structures ambulatoires serait un bon point. Elles permettraient aux hôpitaux de rester réservés aux opérations plus importantes et d'alléger le fardeau des polycliniques.
Par contre, parmi les points satisfaisants relevés par le Dr Schmit, il y a la bonne coordination entre établissements luxembourgeois. Une asbl des quatre grosses structures hospitalières existe depuis peu, et a bien fonctionné notamment sur la coopération logistique. Pour l'AMMD, ce pourrait être là le point d'appui pour discuter de la création d'une structure nationale inédite. «Nous aurions besoin d'une sorte d'hôpital de catastrophe qui puisse être mis en place très rapidement, où les drames causés par les maladies infectieuses peuvent être traités. Aucun de nos hôpitaux n'est architecturalement bien pensé pour cela.»
Pareil outil là encore permettrait aux services spécialisés de poursuivre leurs activités normalement. Ce qui n'a pas été le cas cette fois, estime l'association des médecins. Il faut donc s'attendre, selon elle, à une augmentation de la mortalité prématurée. Ainsi pour l'AMMD, certaines crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux n'ont pas été correctement traités, certaines maladies (comme le cancer) non certainement pas pu être détectées à temps, etc.
Reste que le lockdown et l'accès restreint aux urgences hospitalières ont été un bon choix, selon les professionnels. «Le covid-19 est une maladie très agressive et le matériel de protection et de test approprié faisait défaut au départ. Prendre cette décision une semaine ou dix jours plus tard aurait été une catastrophe. Aujourd'hui, nous sommes mieux préparés et mieux positionnés.»
L'avancée de la téléconsultation
Autre point satisfaisant soulevé : la nouvelle organisation des soins dans les 54 maisons de retraite et de soins infirmiers du Grand-Duché. Les personnes âgées résidentes n'ont ainsi plus à se déplacer vers un hôpital en cas de besoin de soins primaires. Par ailleurs, certains médicaments qui, auparavant, ne pouvaient être administrés qu'à l'hôpital, peuvent désormais être utilisés dans les maisons de retraite ou à domicile : une avancée saluée. Cela a notamment permis de fournir des soins palliatifs aux personnes âgées dans les maisons de retraite.
Enfin, la profession salue l'avancée de la télémédecine. Pratique qu'elle souhaite voir se pérenniser, après certains réglages, lorsque la situation sanitaire du pays sera revenue à la normale.
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