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Et pourquoi ne pas mesurer autre chose que le capital?
Luxembourg 2 min. 06.02.2020 Cet article est archivé

Et pourquoi ne pas mesurer autre chose que le capital?

Les embouteillages quotidiens ne sont pas pris en compte dans le PIB classique, mais font-ils le bonheur du pays?

Et pourquoi ne pas mesurer autre chose que le capital?

Les embouteillages quotidiens ne sont pas pris en compte dans le PIB classique, mais font-ils le bonheur du pays?
Photo: Chris Karaba
Luxembourg 2 min. 06.02.2020 Cet article est archivé

Et pourquoi ne pas mesurer autre chose que le capital?

Marc HOSCHEID
Marc HOSCHEID
A la Chambre, tous les partis sont d'accord pour que le «PIB du bien-être» devienne un instrument pour apprécier l'état de satisfaction de la population. Il faut pour cela introduire des critères allant au-delà du seul aspect productif.

(pj avec Marc Hoscheid) Souvent, pour mesurer la bonne santé d'un pays, un coup d'œil au Produit intérieur brut suffit à certains. Mais bien malin qui mesurera avec ce PIB -près de 60 milliards d'euros annuels pour le pays- la réelle satisfaction de la population. Dans ce contexte, le député Serge Wilmes (CSV) a lancé un débat parlementaire sur l'introduction d'un indice de bien-être au Luxembourg.

Pour Serge Wilmes, il est clair qu'il serait ridicule de réduire les citoyens à des homo economicus. Et puis même avec une croissance positive pour le Grand-Duché, les données purement économiques sont à prendre avec des pincettes. Ainsi, certes le Luxembourg se classe au troisième rang mondial en termes de PIB par habitant, mais il perdrait 40% de ce chiffre sans les frontaliers.


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Selon le parlementaire chrétien-social, un indice de bien-être devrait être composé selon onze critères. Emploi, sécurité ou logement primant sur les autres. Ces catégories seraient ensuite subdivisées en 63 indicateurs plus fins pour mesurer des réalités particulières à chacun. A l'heure où le pays constate une montée des inégalités, cet indicateur permettrait d'analyser plus finement les causes de ces écarts entre habitants.

Pour le député André Bauler (DP), l'objectif de toute politique doit être d'améliorer la qualité de vie des gens. A ses yeux, si l'indice de bien-être est un outil théorique intéressant, il est important que les décideurs politiques mettent en œuvre des mesures concrètes de progrès. Et de citer comme exemples le télétravail, la numérisation des administrations publiques ou le congé parental.

Miser sur la qualité de l'environnement

Yves Cruchten (LSAP) a déjà fait de la mesure de l'indice de bien-être le thème central de son rapport sur la loi de finances pour 2020. Ce qui compte avant tout pour le socialiste, c'est l'acceptation par la population. L'indice doit «être soutenu par le peuple», sinon il est «voué à l'échec». La population doit donc être impliquée dans l'élaboration, comme cela a été le cas en Allemagne.

De son côté, la présidente du groupe Déi Gréng, Josée Lorsché insiste sur la nécessaire prise en compte des questions environnementales. Le fait que la Finlande occupe la première place dans le rapport sur le bonheur dans le monde est en partie dû au caractère naturel du pays.

Moins de main-d'œuvre, moins d'énergie

Pour le nouveau ministre de l'Economie, Franz Fayot (LSAP), «la croissance ne doit pas être une fin en soi, mais doit profiter aux gens». Aussi, afin de construire une économie durable, il admet que l'indice de bien-être doit devenir un élément central de l'action politique. Aussi, souhaite-t-il l'inclure dans le budget de l'État et travailler à son intégration dans le semestre européen.

Devant la Chambre, jeudi, le ministre Fayot a aussi plaidé pour une augmentation de la productivité. Avec une ligne de conduite : moins de main-d'œuvre et moins d'énergie. 


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