Et maintenant, la deuxième vague?
Et maintenant, la deuxième vague?
Pas de triomphalisme à avoir. Oui, l'épidémie recule au Grand-Duché (seulement 2 nouveaux cas en 24 heures). Oui, son ralentissement semble concerner la majeure partie des Etats. Mais oui aussi, le virus circule toujours. Aussi, le Pr Rudi Balling du Luxembourg center for systems Biomedecine pronostique-t-il une possible recrudescence de cas, maintenant que le déconfinement s'est élargi.
Le Luxembourg risque-t-il de connaître une seconde vague d'infection au coronavirus?
Rudi Balling : «Trop tôt pour le dire. L'impact de la reprise (par exemple des chantiers de construction, de certaines activités scolaires ou des commerces désormais), se fera ressentir dans un délai de deux à trois semaines. Dans l'ensemble, je pense que le risque d'une deuxième vague existe bel et bien. Mais cela dépendra beaucoup du degré de responsabilité des personnes en termes de distanciation sociale, de port du masque, du respect des mesures d'hygiène, etc.
Nous savons que les contacts sociaux, en particulier dans les pièces fermées, les transports publics et au sein des ménages sont les principaux facteurs de l'infection virale.
Cette deuxième vague peut-elle être aussi (voire plus) importante que la première qui, au pic des infections, a pu concerner près de 230 personnes en un jour?
«Le danger d'une deuxième vague plus sévère est malheureusement existant. En effet, contrairement au début de la pandémie, lorsque nous avions entre 1 et 50 infections dans le pays, nous avons maintenant un niveau beaucoup plus élevé de personnes infectées, probablement des milliers.
Ce niveau absolu détermine toutefois la vitesse et la sévérité avec lesquelles une pandémie virale exponentielle se développe.
La proximité du Grand-Duché avec des zones plus infectées (comme la Lorraine française ou la Wallonie belge) doit-elle entraîner des mesures barrières plus fermes à ce stade?
«Nous devrions vraiment traiter cette situation comme une seule région, et non de manière nationaliste. Les virus n'ont pas besoin de passeport ou de visa, et il est dans notre intérêt à tous de protéger l'ensemble des populations. Il serait important d'aligner les stratégies et les politiques. Je suis donc tout à fait opposé aux barrières mises en place par certains Etats, mais favorable à une stratégie commune fortement alignée sur la meilleure manière de faire face à l'atténuation de la pandémie.
Les pays asiatiques, touchés plus précocement que l'Europe, connaissent cette seconde vague. Qu'en déduire pour l'heure?
«Nous ne savons pas encore à quel point ces reprises sont graves et comment elles vont se développer. La Corée du Sud a connu une deuxième vague, en partie déclenchée par le retour d'expatriés. Singapour a connu une deuxième vague, car le pays avait sous-estimé que les quartiers d'habitation des travailleurs migrants étaient un foyer et un facteur de propagation des infections.
Je m'attends à ce que dans certaines régions d'Europe, certains foyers d'infection se retrouvent à leur tour au premier plan. La course est lancée pour le développement d'un vaccin. Espérons donc que la communauté internationale sera en mesure d'en mettre un au point à temps.
D'ici là, chacun de nous a l'énorme responsabilité de contribuer à éviter la deuxième vague. Nous ne pouvons pas nous permettre d'organiser des "Corona-parties". Les mesures d'hygiène telles que le lavage fréquent des mains, le maintien de la distance, le port du masque, l'évitement des groupes dans des pièces fermées devront être la "nouvelle norme" pendant un certain temps.
De quelle épidémie, déjà connue par le passé, le covid-19 peut-il être rapproché?
«Le SRAS-1 et l'épidémie de MERS étaient similaires en ce qui concerne le virus; un coronavirus était là aussi l'agent pathogène sous-jacent. En ce qui concerne l'impact dramatique à l'échelle mondiale, le précédent le plus proche est bien sûr la pandémie de grippe A de 1918 (ndlr: cette "grippe espagnole a fait plus de 30 millions de morts en 1918, contre 282.000 morts pour le covid-19).
Les humains ont du mal à tirer les leçons de l'histoire. C'est pourquoi très peu de gens aujourd'hui savent ce qui s'est passé à l'époque. Déjà alors, de nombreuses discussions avaient eu lieu sur la fermeture précoce ou tardive des équipements, des lieux publics, des écoles, des usines, la réouverture de ces mêmes sites, le port de masques, l'autorisation des grands rassemblements. La situation est remarquablement similaire.
Comme avec la grippe, pourrait-il y avoir une saisonnalité dans la réapparition de ce coronavirus?
«Nous ne le savons pas. Peut-être même que la saison estivale contribuera à réduire le nombre d'infections. Mais la question sera alors de savoir si nous assisterons à une seconde vague dite "d'hiver". Seul le temps le dira. Cependant, si le taux d'infection diminue en été en raison d'un effet saisonnier, nous devrions utiliser ce répit pour nous apprêter à faire face à une deuxième vague potentielle et ne pas tomber dans le piège qui consisterait à penser que tout est fini. Mais comme je l'ai dit, nous ne savons pas...»
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