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«Entre 75 et 100 autopsies effectuées par an au Luxembourg»
Luxembourg 10 4 min. 12.10.2014 Cet article est archivé
Dans les coulisses du Laboratoire national de santé

«Entre 75 et 100 autopsies effectuées par an au Luxembourg»

Luxembourg 10 4 min. 12.10.2014 Cet article est archivé
Dans les coulisses du Laboratoire national de santé

«Entre 75 et 100 autopsies effectuées par an au Luxembourg»

C'est là, derrière la porte du laboratoire d'autopsie du Service médico-judiciaire installé à Dudelange, que près de 150 victimes de violences, d'accidents ou de meurtres -décédées mais aussi vivantes- sont auscultées en un an, de façon millimétrée. Médecin légiste, le Dr Andreas Schuff, parle de son travail et nous en montre les coulisses.


C'est là, derrière la porte du laboratoire d'autopsie du Service médico-judiciaire installé à Dudelange, que près de 150 victimes de violences, d'accidents ou de meurtres -décédées mais aussi vivantes- sont auscultées en un an, de façon millimétrée. Médecin légiste, le Dr Andreas Schuff, parle de son travail et nous en montre les coulisses.

Pas une tache de sang, ni l'ombre d'un indice macabre ou visuellement dérangeant, tout juste une feuille d'essuie-tout qui fait la boule dans le fond d'un évier en inox. Sur un coin de table du même métal, posés sur un chiffon, des pinces, une aiguille courbée ou des ciseaux plus longs que d'ordinaire indiquent ce qui se passe au quotidien derrière l'immense vitre où resteront les visiteurs du "Café criminologique".

Agression ou automutilation?

Ils sont venus très nombreux, cette semaine, assister à l'exposé du Dr Andreas Schuff -le premier médecin légiste embauché depuis avril au Laboratoire national de santé (LNS)- sur la façon concrète dont la médecine légale contribue à la recherche de la vérité.

Dans les locaux situés au rez-de-chaussée du LNS, l'équipe du Service médico-judiciaire est aussi bien confrontée à des affaires sordides -comme l'affaire du cadavre sans tête découvert au Grund le 20 août 2014- qu'à des cas de décès violent sur la route, de suicide ou même d'automutilation présentée par la victime comme une agression de skinheads par exemple.

"Nous pouvons effectuer entre 75 et 100 autopsies par an au Luxembourg. Et même si nous n'en sommes pas encore là, nous pouvons effectuer le même nombre d'auscultations sur des victimes d'agressions vivantes", pose le Dr Schuff, 47 ans et chef du jeune service.

Décrypter des plaies

A chaque fois qu'il y a un doute sur la cause du décès ou que la justice a besoin de savoir plus précisément ce que dit une plaie ou un hématome sur un corps, la victime atterrit ici sur une table en inox. A la lumière de lampes aux formes futuristes mais aussi du jour -une immense baie vitrée donne sur une cour intérieure sans issue- les experts du labo prennent chaque détail sous la loupe.

Photos d'un dos transpercé ou d'un cœur doublement lacéré à l'appui, le Dr Schuff décrypte les plaies. Forme, longueur, profondeur, couleurs sont autant d'indices qui permettent d'élucider parfois la façon dont le coup de couteau à été porté, de quel côté, ou de déduire la longueur de la lame utilisée par exemple.

Au moment de l'autopsie "chaque pas est dicté et enregistré un à un et bien documenté", insiste le médecin légiste. Son travail consiste aussi à faire des expertises de médecine légale non pas sur des corps mais uniquement sur base de documents envoyés par la justice.

"Un morceau de puzzle"

L'un de ses projets futurs est de créer une "ambulance pour victimes" pour permettre de documenter au plus près de l'événement, des blessures infligées à des victimes qui décident de ne pas porter plainte auprès de la police. De sorte qu'il resterait une trace "validée" par un expert. "Nous documenterions les blessures et tout serait archivé chez nous. Seules la victime ou la justice y auraient accès", résume le Dr Schuff. En cas de violences sexuelles "un gynécologue travaillerait avec nous", ajoute-t-il. Un service qui devrait être gratuit pour ces victimes, selon lui. Mais des questions, comme celle du financement ou de l'obligation légale du médecin légiste à signaler de tels cas à la police, restent ouvertes.

Quand on lui demande de résumer sa mission quotidienne, il répond qu'en fait "il s'agit de faire un puzzle avec nos compétences. Je n'étais pas là quand ça s'est passé mais puis-je, avec ce qui est devant moi, encore apporter un morceau de puzzle pour que l'image soit plus claire?" Il sait que la réponse n'est pas forcément sous ses yeux. "Il y a des questions que je ne peux pas ou que partiellement répondre. Mais je dois toujours expliquer pourquoi".

Un second médecin légiste, le Dr Ulrich Preiss, vient tout juste de le rejoindre au Laboratoire national de santé de sorte que le Service médico-judiciaire compte à présent cinq personnes: deux médecins légistes, un assistant technicien et deux secrétaires. Le Département de médecine légale dont il fait partie, compte aujourd'hui 27 salariés.

Maurice Fick