Encore du travail pour la diversité dans les entreprises
Encore du travail pour la diversité dans les entreprises
Avec 73% de l'emploi total occupé par des étrangers dans le pays, le Luxembourg est un "melting pot" de nationalités, langues et diversités en tout genre. Pas facile pour les entreprises du pays de s'y retrouver et d'harmoniser au mieux ce mélange des cultures.
Cette diversité est ainsi à double tranchant: si elle permet de lutter contre les discriminations, de favoriser l'égalité des chances et la complémentarité des profils dans l'entreprise, elle est également synonyme de problèmes de communication et de risques de conflits.
Une réalité que met en avant Thi Thuc Uyen Nguyen, chercheuse au LISER qui s'est penchée sur la question, au cours d'un café-débat organisé par le LISER à la Kulturfabrik d'Esch/Alzette mardi soir.
«La diversité en entreprise est une tendance qui s'est généralisée de partout, dans tous les secteurs. Mais elle affecte négativement les salariés, surtout les plus diplômés. Beaucoup recherchent du travail ailleurs lorsqu'ils sont confrontés à une trop grande diversité dans leur travail», explique-t-elle d'emblée.
Travail d'inclusion
Cette exclusion, ce repli sur soi, varie selon la taille des entreprises: une grande société aura tendance à mieux gérer ce type de situation qu'une plus petite. Car c'est là toute la problématique: comment gérer cette diversité pour obtenir le meilleur de chaque salarié? «En favorisant l'inclusion», répond Juliane Nitsche, experte en bien-être et performance au travail.
«Regorger de diversité au travail ne suffit pas. Il faut intégrer les différents profils entre eux et au sein de l'entreprise; aller au-delà de la notion de diversité», explique-t-elle.
Après un an et demi de travail avec des entreprises au Luxembourg, la jeune femme avoue être surprise de la difficulté de gestion des diversités dans ce pays si cosmopolite, au cœur de l'Europe.
«J'ai constaté qu'il y a beaucoup d'entre-soi. Des personnes parlant allemand par exemple, vont rester entre elles, ne pas se mélanger. En arrivant ici, je pensais que tout se ferait en anglais mais non, il arrive qu'on nous demande de faire la même formation une fois en allemand, une fois en français... Il y a encore du travail!», détaille-t-elle.
Vincent Dautel, chercheur au LISER, explique cet aspect par le fait que le Luxembourg n'est «pas un cas standard». «Dans la plupart des pays, c'est 90% de nationaux pour 10% de migrants. Au Luxembourg, c'est presque l'inverse», explique-t-il. Des frontaliers belges vont avoir ainsi davantage tendance à rester entre frontaliers et se retrouvent aussi souvent dans les mêmes services.
«On note toutefois une meilleure diversité lorsqu'un service est composé de Luxembourgeois: ils maîtrisent davantage de langues ou sont eux-mêmes d'origine étrangère, cela crée des facilités que les frontaliers n'ont peut-être pas», souligne-t-il.
Le genre en tête de liste
Pour faire face à de telles situations, une charte de la diversité a été introduite au Luxembourg en 2012. Les signataires s'engagent notamment à combattre les stéréotypes, à évaluer les pratiques et les résultats acquis et à encourager l'ensemble de leurs partenaires à agir en faveur de la diversité.
174 signataires sont recensés dans le pays, ce qui représente 75.000 salariés. Catia Fernandes, coordinatrice de cette charte à IMS Luxembourg, donne quelques détails sur cette charte:
Trois thématiques apparaissent ainsi comme primordiales pour les entreprises luxembourgeoises:
- Le genre
- L'équilibre vie professionnelle/vie privée
- Les langues
«De bonnes pratiques sont mises en œuvre par les entreprises mais il faut s'attaquer à une chose à la fois», conclut Catia Fernandes.
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