Encore dix ans de chantiers pour la Cloche d'Or
Encore dix ans de chantiers pour la Cloche d'Or
Flavio Becca aime les mi-temps. Quand il porte la casquette de mécène de club de foot comme lorsqu'il enfile le costume de promoteur immobilier. Et ce mardi, c'est dans cette tenue qu'il contemplait du 13ème étage d'un immeuble les sept grues en action à ses pieds, modelant le secteur de la Cloche d'Or. «Là, il doit y avoir près de 800 ouvriers. Mais nous sommes montés jusqu'à 3.000 travailleurs au moment de la construction du centre commercial et des deux tours Zenith.»
Et de se rappeler ce début des années 1990 quand il a décidé d'acheter ces terrains du Ban de Gasperich qui n'étaient que champs en périphérie de la capitale. Ce qui était alors un challenge est désormais un quartier. «Enfin, il reste du chemin à faire…», sourit celui qui monte ici les bâtiments comme d'autres jouent au Monopoly ou SimCity.
Huit ans déjà
«Appelez ça "Becca Land" si vous voulez mais c'est tout de même bien plus qu'un caprice. Vous ne trouverez pas beaucoup d'autres chantiers immobiliers de cette ampleur en Europe.» Il est vrai qu'à terme, sur les 590.000 m2 de terrains constructibles délimités par le PAG de la Ville de Luxembourg viendront travailler 37.500 employés et vivre quelque 5.000 personnes. Pour l'heure, c'est presque la mi-temps. Entre le premier coup de pioche de 2012 et un achèvement final programmé pour 2030.
Déjà la moitié des surfaces constructibles ont été prises d'assaut par hommes et engins. Des tonnes de béton, des centaines d'appartements, des bureaux à foison (PWC, Deloitte, alterDomus, BGL BNP-Paribas, etc), 75.000 m2 de centre commercial et toujours des constructions. Celles qui s'achèvent (l'immeuble Bijou sera livré en juin) et celles qui débutent.
Ainsi, à l'arrière du «Cube» de Deloitte, trois immeubles s'apprêtent à sortir de terre. Pour Regus tout d'abord, avec 4.260 m2 dédiés à des espaces de coworking. Pour l'Etat ensuite, avec 5.900 m2 que viendront occuper le ministère de la Santé et l'Administration du cadastre dans le cadre des déménagements des structures publiques. Pour qui voudra disposer de bureaux enfin, avec l'immeuble «Darwin» et ses 6.000 m2. «Ajoutez un dernier immeuble d'habitation, et l'aménagement de la partie nord du boulevard Raiffeisen sera achevé d'ici mi-2022», annonce le directeur des opérations Michel Knepper.
55% dédiés aux bureaux
Côté Sud, les annonces ne manquent pas non plus. Ainsi, le siège luxembourgeois de la banque italienne Intesa SanPaolo a déjà été dessiné. Les quelque 400 salariés attendus ont encore près de deux ans à patienter. «Face au centre commercial, nous avons déjà des demandes pour des ouvertures en 2023. Avec PAP déjà accordé donc on ne devrait plus tarder», se réjouit Michel Knepper. Sans oublier ces 151 appartements déjà programmés.
L'habitat, à terme, représentera 35% des surfaces bâties. Y compris 10% réservés pour des logements à coût modéré. Contre 55% dédiés aux bureaux et 15% aux commerces. «D'ailleurs, les prochains immeubles qui viendront longer le boulevard Raiffeisen comporteront tous des boutiques en rez-de-chaussée», annonce le directeur des opérations.
Il faudra cette touche si la Cloche d'Or veut véritablement devenir un lieu de vie. Pour l'avoir oublié à ses origines, le Kirchberg réagit désormais. Et puis il y aura les 16 hectares du parc de Gasperich (le plus grand espace vert de Luxembourg), le futur stade national, la nouvelle caserne du CGDIS, le couloir écologique le long du ruisseau Drosbech, l'école Vauban à proximité, l'arrivée du tram attendue pour 2023, la gare de Howald à proximité, les liaisons bus vers le centre de la capitale et ses autres quartiers, les axes routiers non loin, etc.
A bien y regarder le projet compte toutefois deux faiblesses: aucune installation sportive publique n'y est prévue, pas plus que de lieu culturel. «A d'autres de faire cela, lance Flavio Becca. Moi, j'aurais fait ma part!» Et d'en finir sur un clin d'œil: «Qui a dit que j'étais mégalo? Nous allons investir 40 millions d'euros dans des voiries, des pistes cyclables, des trottoirs et je n'aurais même pas une rue à mon nom…»
