Encore de la place dans les hôpitaux du Grand-Duché
Encore de la place dans les hôpitaux du Grand-Duché
Des hôpitaux sous pression, mais loin d'être débordés. Depuis le premier cas officiel de covid-19 au Grand-Duché, le 29 février, tout est allé très vite. «Les cas ont rapidement augmenté et à mi-mars le service des maladies infectieuses est arrivé à la limite de ses capacités», rappelait hier sur RTL le directeur général du Centre hospitalier de Luxembourg, Romain Nati. En temps normal, l'unité 20 du CHL dispose de six chambres à flux et peut augmenter sa capacité à 17 lits. En somme, pas de quoi faire face à la pandémie actuelle.
Entre-temps, tout le système hospitalier du pays a été réorganisé avec la création notamment de deux filières séparées. Une pour les patients covid-19, l'autre pour les cas «normaux». Des installations temporaires ont donc fleuri un peu partout dans le pays à l'instar des centres de soins avancés ou d'un hôpital de campagne installé devant le CHL.
L'hôpital de la route d'Arlon n'a pas encore eu recours à cette infrastructure. «La tente d'hospitalisation est opérationnelle mais elle n'a pas encore été utilisée parce que nous avons encore suffisamment de capacités dans l'hôpital», assure Romain Nati. L'établissement accueille désormais une trentaine de patients covid-19 et une dizaine de cas suspects.
Le directeur général du CHL pense que «le pire est derrière nous. C'est difficile de dire exactement quel jour nous atteindrons le moment où il y aura plus de patients qui guérissent que de gens qui tombent malades, mais si on arrive à garder la situation sous contrôle, ce sera en fin de semaine ou au début de la semaine prochaine».
J'espère qu'il n'y aura pas une nouvelle vague d'hospitalisation dans dix jours.
Serge Meyer, responsable de la cellule de crise du CHEM
Garder la situation sous contrôle, c'est visiblement ce qui inquiète le Dr Serge Meyer, responsable de la cellule de crise du Centre hospitalier Emile Mayrisch (CHEM) de Esch-sur-Alzette. «Avec l'arrivée du beau temps, j'ai le sentiment qu'il y a un certain relâchement au niveau du confinement, s'inquiète-t-il. J'espère qu'il n'y aura pas une nouvelle vague d'hospitalisation dans dix jours».
Pour l'heure, le CHEM accueille 62 patients covid-19, dont 12 en soins intensifs. Pour les cas les moins graves, l'hospitalisation peut durer entre 6 et 12 jours avant un retour à la maison ou un passage par le centre de Colpach qui prend en charge les patients dans un état médicalement stabilisé.
Serge Meyer souligne que «la priorité est d'éviter l'intubation». Les soins intensifs sont, en effet, lourds de conséquences, car une fois sorti de réanimation, le patient doit encore rester deux ou trois semaines à l'hôpital pour garantir une bonne reconstruction respiratoire et musculaire notamment.
L'objectif principal est donc bien d'éviter l'engorgement du système hospitalier. Comme les autres hôpitaux, le CHEM, a dopé ses capacités d'accueil, notamment avec l'installation de 28 lits de soins intensifs supplémentaires dans sa cafétéria. «J'espère que nous n'aurons pas à l'utiliser», déclare Serge Meyer. Au total, 128 lits du CHEM sont donc dédiés aux patients covid-19. Là encore, les capacités bien supérieures aux besoins actuels. En somme de quoi être optimiste.
De son côté, le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit se veut «un peu plus prudent». «Il est vrai que le système de santé et notamment les hôpitaux gardent actuellement une réserve de lits à la fois en soins normaux et en soins intensifs. Il est aussi clair que le pic de malades est cependant encore attendu dans les jours à venir».
Pas de triomphalisme donc du côté du responsable du ministère de la Santé qui assure qu'«on pourra se prononcer définitivement sur la résilience de notre système de santé une fois que la crise sanitaire sera terminée et qu'un bilan exact aura été dressé».
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