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Ecole francophone de Walferdange: la fin d'une belle aventure
Luxembourg 5 min. 21.06.2013 Cet article est archivé

Ecole francophone de Walferdange: la fin d'une belle aventure

Ecole francophone de Walferdange: la fin d'une belle aventure

Photo: Guy Jallay
Luxembourg 5 min. 21.06.2013 Cet article est archivé

Ecole francophone de Walferdange: la fin d'une belle aventure

Après 45 ans de bons et loyaux services, l'école primaire luxembourgeoise francophone de Walferdange fermera définitivement ses portes le 1er juillet prochain.

En 45 ans d'existence, l'école primaire luxembourgeoise francophone de Walferdange aura vu défiler quelque 1.000 élèves.

La particularité de cet établissement: une école publique qui accueillait tous les élèves qui ne se destinaient pas à l'enseignement luxembourgeois, mais plutôt à l'enseignement français.

"Au départ, l'école a été créée pour accueillir les enfants dont les parents travaillaient à la NAMSA", rappelle Paul Pettinger, enseignant depuis douze ans à l'école francophone, "elle a ensuite évolué pour accueillir tous les enfants qui avaient des difficultés dans le système public luxembourgeois".

Une école peu connue du grand public

"Officiellement nous nous basions sur le programme scolaire français tout en nous inspirant d'autres programmes en fonction de la population scolaire", explique Paul Pettinger.

La petite école, située sur le campus de l'université du Luxembourg à Walferdange, a fonctionné ainsi sans accroc et dans une certaine confidentialité pendant des années.

"L'école n'était pas vraiment connue du grand public, mais plutôt des expatriés qui faisaient des recherches pour placer leurs enfants ailleurs que dans l'enseignement luxembourgeois ou le privé", souligne l'enseignant, "ainsi que par le bouche-à-oreille".

Une extinction à petit feu

Un beau jour, les sept enseignants qui y officiaient encore à l'époque, ont été avertis de la fermeture de leur établissement.

"Nous savions que nous avions une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes", souligne Paul Pettinger, "car l'école n'avait pas de base légale. Il existait un accord tacite entre des personnalités du ministère de l'Education nationale et des gens de la NAMSA, mais l'école n'a jamais eu de statut".

Lorsque le projet de loi regroupant toutes les écoles du pays sous la tutelle du ministère de l'Education nationale, abrogeant ainsi le statut d'école communale, a été voté, la ministre Mady Delvaux-Stehres n'a pas su où placer la petite école de Walferdange, qui n'était ni une école privée ni une école luxembourgeoise ni un projet-pilote.

En 2007, le couperet est tombé: l'école fermera ses portes en juillet 2013. Dès lors, l'établissement s'est vue amputer d'une classe d'une année à l'autre. "Les enseignants ont été recasé au fur et à mesure dans des établissements scolaires pour accueillir soit les primo-arrivants soit alphabétiser les enfants étrangers dans les premières classes du secondaire", précise Paul Pettinger.

A ce jour, seuls Paul Pettinger et Linda Heggen enseignent encore dans la dernière classe qui reste à l'école francophone.

Peu d'espoir pour l'école à double alphabétisation

En annonçant la fermeture de l'école francophone, Mady Delvaux-Stehres a autorisé les enseignants à travailler sur un projet. De là est née l'idée d'une école à double alphabétisation

Une idée peu couronnée de succès jusqu'à présent. "Nous avons eu l'impression que nous n'avons pas vraiment eu la possibilité de pouvoir présenter le projet à la ministre", souligne l'enseignant, "nous pensons que malgré le fait qu'elle nous ait laissé travailler dessus pendant un an, elle avait décidé à l'avance qu'il ne verrait pas le jour".

"Nous n'avons même pas pu lui présenter le projet", renchérit Linda Heggen, "lorsque nous l'avons rencontré, elle nous a seulement dit qu'il ne se ferait pas".

Le projet plaisait en tout cas à la Ville de Luxembourg, qui était prête à tenter l'aventure. "Pour ce faire, il fallait l'aval du ministère de l'Education, et cela n'a pas été le cas", explique Paul Pettinger.

"Notre objectif n'était pas de faire de l'école luxembourgeoise une école bilingue", rappelle l'enseignant, "notre objectif était de répondre à une réalité sociale".

Quel avenir pour les deux enseignants?

Pour l'instant, Linda Heggen et Paul Pettinger ne sont pas encore fixés sur leur sort. "J'ai fait une demande pour donner des cours d'appui en français dans les classes d'accueil de l'enseignement secondaire", explique l'enseignant.

"Puisqu'il ne reste plus qu'une classe à l'école francophone, je donne quelques heures de cours en allemand par semaine dans une classe pour primo-arrivants à Weimerskirch", souligne Linda Heggen, "j'aimerai continuer sur cette voie".

Un dernier souvenir pour la route

De leurs années passées à l'école francophone, les deux enseignants en gardent de bons souvenirs.

"J'y ai rencontré ma femme ici", lance Paul Pettinger, en parlant de sa collègue, Linda Heggen. 

"On s'est rencontré ici et on ferme l'école ensemble", renchérit l'enseignante. "Avant que nous nous marions, les enfants avaient recouvert la voiture de petits cœurs", se rappelle Paul Pettinger.

Une dernière "fancy-fair" pour marquer le coup

Les enseignants ont décidé de fêter dignement la fermeture de leur école en organisant une grande fête le samedi 29 juin dans la cour de l'école à Walferdange.

Elèves, anciens élèves, enseignants et anciens enseignants se retrouveront pour un dernier verre de l'amitié sur fond d'animations diverses comme un lâché de ballons et barbecue pour tout le monde.

Pour l'occasion, les élèves de dernière année, feront des bricolages pour décorer leur école.

"La fête démarre à midi et se terminera tard dans la nuit", concluent les deux enseignants.

Charline Lebrun