Differdange veut cultiver du bio en terre française
Differdange veut cultiver du bio en terre française
Au départ, l'achat mûrement réfléchi, avait bien un objectif stratégique: faire capoter un projet de décharge de déchets inertes envisagé à Saulnes, côté français. Mais le nouveau terrain de 120 hectares acheté fin 2019 pour 2,5 millions d'euros par Differdange aura bien une nouvelle destinée.
Aujourd'hui «ce dossier se présente autrement qu'en mars 2019», il a «changé» de moteur, répond le ministre de l'Intérieur au député Fernand Kartheiser (adr). De la réponse ministérielle il en ressort que la délibération prise en mars par le conseil communal était motivée par la volonté «de Differdange de réaliser un projet transfrontalier écologique et socio-économique avec les communes françaises de Saulnes, Hussigny-Godbrange et Herserange».
Le terrain frontalier, qui représente tout de même un tiers de la surface communale de Saulnes, va servir «à la stratégie alimentaire de Differdange. La Ville réfléchit en effet à la culture de fruits et légumes bio pour approvisionner ses cantines», révèle Anne-Bénédicte Culot, chargée de mission chez Territoire naturel transfrontalier de la Chiers et de l'Alzette (TNT). L'asbl, créée en 2015 par toutes les communes concernées, a été chargée de gérer la nouvelle surface dont Differdange est propriétaire.
Le ministère de l'Intérieur est en passe de valider la conformité de l'acte d'achat englobant des forêts, des landes, une carrière à ciel ouvert de 15 hectares et 50 hectares de terres agricoles. Ces derniers intéressent particulièrement la commune car elle ne dispose pas de suffisamment de terres cultivables pour alimenter davantage en produits bio ses restaurants scolaires.
Seule une maraîchère est installée pour l'heure en terre du fer. Mais «l'agriculteur qui exploite actuellement le terrain s'est engagé dans une démarche biologique. A terme, on ne pourra pas y faire autre chose», prévient Anne-Bénédicte Culot. S'il est déjà clair que «ce sont des agriculteurs qui mettront en oeuvre la stratégie de la commune», il reste encore à voir «comment intégrer les activités» dans le projet écologique.
Mais avant de valoriser le terrain, faut-il le dépolluer. «Il n'y a aucune pollution grave du site. On parle de terres inertes balancées par le haut dans la carrière, de tubes de néon, de pneus, etc.», insiste Anne-Bénédicte Culot. La responsable de TNT explique qu'elle est en possession de tout l'historique du site et que «tout est identifié et documenté».
D'ailleurs «nous sommes déjà en train de nettoyer le site. Des pneus ont déjà été évacués», raconte la chargée de mission. Le samedi 7 mars, des volontaires se mettront en route des deux côtés de la frontière pour nettoyer la nature et les sentiers.
Une nouvelle tendance de coopération transfrontalière se dessinerait-elle dans les faits au Sud du Luxembourg ? Un projet inédit d'une autre dimension est appelé à se concrétiser dans la vaste zone transfrontalière de 17.000 hectares comprise entre Mondercange et Boulange. Près de 35.000 âmes devraient s'établir d'ici 2030.
