Des violences domestiques en hausse
Des violences domestiques en hausse
Vendredi 20 mars, 21h40, Esch-sur-Alzette. Quatre jours après le début du confinement, la police est appelée à la cité Salvador Allende pour un conflit familial. A l'arrivée de la patrouille sur les lieux, une dame et son enfant se trouvent à l'extérieur de l'appartement, tandis qu'un homme, réfugié à l'intérieur, menace les policiers avec une... arbalète. Arrivée sur place, l'unité spéciale de la police procède à son interpellation. Ce cas, certes extrême, relevé parmi d'autres dans les derniers bulletins de la police grand-ducale, dénote une tendance à la hausse des violences domestiques. «Nous avons en effet pu constater une augmentation de ce type d'intervention depuis une semaine», affirme un porte-parole de la police.
Une tendance qui ne repose toutefois pas sur des chiffres officiels, mais que le fonctionnaire de police juge «en lien direct» avec le confinement forcé de la population. Et ce dernier d'assurer, en se basant sur son expérience, que le phénomène «devrait s'amplifier dans les semaines à venir», vu que le gouvernement a prolongé l'état de crise jusqu'en juin. Des propos quelque peu tempérés par Frank Stoltz, responsable des porte-parole de la police, selon lequel il n'est «pas encore question d'une hausse alarmante».
Ce retour du terrain corrobore l'analyse formulée par le psychanalyste Thierry Simonelli dans une interview accordée la semaine dernière. Le praticien affirmait en effet que cette situation de confinement forcé risquait fort de «développer chez les gens de l'irritabilité et de l'agressivité, voire des crises de colère, susceptibles même de conduire jusqu'à la violence.» Et Thierry Simonelli d'aller jusqu'à prédire «une probable hausse du nombre de divorces et de dépôts de plaintes pour coups et blessures dans les semaines à venir.»
Le monde de la psychologie s'accorde sur le sujet. En effet, Céline Gerard, psychologue, et Olga Strasser, éducatrice graduée, toutes deux actives auprès de l'asbl Femmes en détresse, confient à nos confrères du Luxemburger Wort qu'«avec le confinement, les risques sont réels de voir la violence physique et psychologique augmenter.» Car, expliquent-elles, «l'auteur de violence pourra exercer plus de pouvoir, et ce en continu, sur la victime qui risque de ne plus trouver psychiquement d'échappatoire comme le fait d’avoir un peu de répit quand l'auteur va travailler ou sort avec des amis.»
En attendant, avec cette situation de crise sanitaire du coronavirus et cette période de confinement de l'ensemble de la population, c'est le métier même de policier qui subit une mutation temporaire, concède le porte-parole de la police. «La nature de nos interventions a évidemment changé du tout au tout: plus grand-chose ne se passe en rue, mais c'est désormais au sein même des maisons qu'il faut intervenir.»
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