Des télétravailleurs plus nombreux, plus soucieux
Des télétravailleurs plus nombreux, plus soucieux
Cette fois, c'était un «télétravail de crise», selon les mots du directeur du Statec. Mais qu'en sera-t-il demain alors que le recours au travail à distance reste recommandé par le gouvernement et plébiscité par les entreprises? «Il faudra certainement définir le juste mix entre du présentiel et le télétravail analyse Serge Allegrezza. Car la formule a montré autant ses bienfaits que ses limites.»
Reste que 2020, et ses premiers mois, resteront un tournant dans le développement de la pratique du home-office. «Une explosion», selon le service de statistique luxembourgeois qui affirme que 52% des actifs occupés du pays ont eu recours au télétravail au cours du deuxième trimestre. Et si le nombre de ''pratiquants'' a atteint un record historique en avril, l'augmentation concerne bien entendu aussi le temps passé à prester loin de son bureau habituel pour les salariés concernés. Ainsi, 58% des télétravailleurs, résidents ou frontaliers, ont œuvré sur laptop et autres ordinateurs pendant au moins 32 heures par semaine. Là encore une intensité inégalité servie par un confinement de rigueur.
Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes : une activité maintenue, des salariés isolés d'un risque de contamination et une digitalisation ayant fait la preuve de son efficacité. L'habitude prise va donc se poursuivre, virus ou pas? Serge Allegrezza repousse l'idée, car les salariés «n'ont pas forcément bien vécu cette expérience». Ainsi, l'environnement de travail n'étant pas le même à la maison ou au bureau, certains ont eu à se plaindre de douleurs.
Sans oublier la capacité de la formule à faire déborder les missions quotidiennes au-delà du temps de travail contractualisé. Une récente étude américaine parlait ainsi de 49 minutes de labeur «offertes» chaque semaine. Une durée d'heures supplémentaires indues déjà relevée, pour le Luxembourg, par un sondage du Statec cet été.
Surtout, 45% des internautes avouent avoir rencontré des difficultés, à la maison, à télétravailler. Des ''défauts'' qui pourraient bien être rédhibitoires pour certains employés comme pour certaines sociétés à se lancer à l'avenir dans un recours massif à ce type d'organisation.
Les analyses du Statec, au fil des semaines, ont aussi révélé «qu'au-delà de 16h de pratique par semaine, les salariés commençaient à manifester leur insatisfaction sur ce mode de travail», note Jérôme Dury, chef de division à l'institut de statistique. Et si 55% des télétravailleurs avouent que l'expérience est positive, 15% autres la qualifient de négative.
D'ailleurs, des défauts, il n'y a pas que les employés en exil forcé à domicile qui en trouvent au télétravail. Par exemple, la présidente de la Fédération des industries luxembourgeoises avait pointé le caractère essentiel d'une part de présentiel, de rencontres, d'échanges les yeux dans les yeux (et pas seulement en visioconférence) pour assurer une meilleure performance des équipes. Les professionnels de l'hôtellerie-restauration estiment, eux, que le manque de personnels en poste au Luxembourg leur a fait perdre des millions d'euros de chiffre d'affaires. Perte aussi côté commerces.
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