Des pompiers du monde entier partagent leur savoir-faire
Des pompiers du monde entier partagent leur savoir-faire
En pénétrant dans le Centre national d'incendie et de secours, boulevard de Kockelscheuer, on a la curieuse impression de se retrouver à un festival de l'été. De part et d'autre de l'allée centrale, on retrouve des stands de matériels et de restauration. Et face à une petite tribune et derrière une rangée de barrières, un groupe se dépense sur une «scène» tandis que sur celle d'à côté, on s'active pour accueillir le groupe suivant.
Mais la comparaison s'arrête là. Ici, les artistes ne sont pas des musiciens et chanteurs, plutôt de discrets héros du quotidien. Ils viennent d'horizons très différents et partagent un même objectif au travail : porter secours aux autres. Ce sont les Vigili del fuoco d'Italie, Bombeiros du Portugal, Fire brigade du Royaume-Uni ou d'Australie, Bombers d'Espagne, Feuerwehr d'Allemagne, Brandweer de Belgique ou des Pays-Bas...
Jusqu'à dimanche, plus de 300 sapeurs-pompiers venus de 17 pays sont réunis à Luxembourg, hôte du World Rescue Challenge (WRC). Un championnat du monde au cours duquel les équipes sont engagées dans deux catégories distinctes: l'Extrication challenge, comprenez le secours routier ; et le Trauma challenge, c'est-à-dire le secours à personne.
«Cela fait trois ans que l'on prépare cet événement, qui aurait dû initialement se dérouler en 2021», explique Cédric Gantzer, chef du département de la direction générale au CGDIS, et aux manettes de ce WRC organisé au Centre national de secours et d'incendie. Pour l'occasion, celui-ci a été transformé. Par exemple, le plateau technique, où s'exercent habituellement les pompiers luxembourgeois, accueille les épreuves de secours routier.
Un jury international
Cédric Gantzer détaille ces dernières. «Il y a trois épreuves - rapide, standard et complexe - avec différents scénarios imaginés, que les participants ne connaissent pas. Chaque équipe est composée de six pompiers, plus un remplaçant. Elle procède de la même manière que sur un accident réel: d'abord la mise en sécurité du personnel, ensuite la prise en charge de la victime et enfin sa libération.»
Durant les quatre jours de compétition, chaque équipe passe les trois types d'épreuve. «Il y a un temps imparti et la notation est réalisée par des juges internationaux qui ont une grille d'évaluation que les participants ne connaissent pas.» Pendant les épreuves, chaque détail compte et, comme lors d'une intervention, la communication est primordiale.
Ce jeudi, une des premières équipes à entrer en scène est celle des pompiers de Hobart, en Tasmanie. Leur mission: évacuer deux victimes, coincées dans deux voitures accidentées et enchevêtrées l'une sur l'autre. La partie avant de la première repose sur le coffre de la seconde et pour compliquer le tout, elles se retrouvent coincées entre un bloc de béton, une borne à incendie et un poteau électrique qu'il ne faut évidemment pas déplacer.
À coups de cisaille ou d'écarteur, les Australiens parviennent à désincarcérer la première puis la deuxième victime. Chaque opération réussie est ponctuée par une salve d'applaudissements du public, pour la plupart des pompiers d'autres pays qui ne loupent pas une miette du passage de ces diables de Tasmanie.
Quelques instants plus tard, c'est au tour d'une équipe un peu particulière de concourir. Elle représente non pas un mais quatre pays, ceux de la Grande Région en l'occurrence. Baptisée Inter'Red, elle réunit deux pompiers luxembourgeois, deux Français, deux Belges et un Allemand. À la différence des autres équipes, toutes qualifiées pour ce Mondial à la suite de leurs performances lors des championnats nationaux, Inter'Red a été invitée.
Le plus important, c'est l'échange entre les équipes. Chaque pays a ses particularités, mais tout le monde regarde ce que fait l'autre et peut l'appliquer ensuite sur le terrain.
Paul Schroeder, directeur général du CGDIS
Avec seulement trois petits entraînements en commun, Philippe Segura, pompier à Hayange en temps normal, sait très bien que lui et ses collègues ne peuvent pas viser la victoire. «C'est davantage un défi, ça permet surtout d'échanger. Déjà, lors des entraînements, chacun avait sa propre petite astuce et l'a partagée avec les autres.»
C'est justement sur cette dimension qu'insiste Paul Schroeder, directeur général du CGDIS et par ailleurs président de la World Rescue Organisation, qui chapeaute ce WRC. «Le plus important, c'est l'échange entre les équipes. Chaque pays a ses particularités, mais tout le monde regarde ce que fait l'autre et peut l'appliquer ensuite sur le terrain.»
Partager son savoir-faire
Venu tout droit des antipodes, Mark Robson, du Tasmania Fire Service, ne dit pas autre chose : «Le WRC, c'est la combinaison entre la compétition, la convivialité mais surtout l'opportunité de rencontrer des pompiers du monde entier et d'apprendre les techniques des autres.» En prime, les soldats du feu australiens ont aussi eu le temps de profiter de la Schueberfouer !
On ignore si les pompiers des Yvelines, en région parisienne, ont eu cette chance, mais le lieutenant Mickael Roux tient, lui aussi, le même discours. «Notre philosophie, ce n'est pas de gagner, mais de nous servir de ce WRC pour mieux secourir la population de notre département. Ici, la finalité, c'est d'échanger sur nos compétences, nos savoir-faire et de ramener cela sur le terrain, lors de nos interventions.»
Résultats dimanche soir
Les pompiers franciliens composent une des six équipes françaises pendant ces quatre jours de WRC. Ils concourent non pas dans la catégorie du secours routier mais en Trauma challenge, le secours à personne. Pour eux, deux épreuves sont au programme. «Notre équipe est née d'une bande de passionnés de différentes casernes, qui voulaient s'aguerrir, s'améliorer et ont fait comprendre à nos chefs qu'il fallait investir dans cette activité.»
À savoir enfin que tous ces pompiers s'entraînent généralement sur leur temps libre, et que ce WRC 2022 au Luxembourg, le premier depuis 2019, repose sur une foule de bénévoles. Rendez-vous dimanche soir pour la proclamation des résultats.
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