Des logements plutôt que l'Hôtel des Postes
Des logements plutôt que l'Hôtel des Postes
A peine présentée, voilà déjà que la réaffectation de l'Hôtel des Postes de Luxembourg agite la capitale. Premiers à sortir du rang, les élus du conseil communal déi Lénk. Et de tacler le soutien de la bourgmestre à ce projet annoncé, depuis un jour à peine pour 2025. Pour l'opposition, l'acceptation de ce dossier démontrerait «l'incapacité totale» de Lydie Polfer (DP) «à endiguer la crise du logement dans la capitale et à répondre aux besoins associatifs et culturels de ses habitants».
Car si le futur concept du bâtiment comprend bien hôtel lifestyle, salle de remise en forme et autres boutiques, les conseillers d'opposition auraient surtout apprécié que les quelque 8.600 m2 disponibles soient affectés à la création d'appartements notamment. Mais il n'en est pas question, a assuré mardi encore, Claude Strasser dont le groupe Post qu'il dirige conservera la propriété des lieux, mais pas l'exploitation. Celle-ci étant confiée au groupe immobilier Artea.
Artea qui a déjà une idée avancée de l'emploi des différents étages de la bâtisse datant des années 1910. Et s'il n'y a pas d'espaces à vivre autres que les 85 chambres annoncées, seule reste encore une inconnue dans l'utilisation du dernier niveau. Mais qui sait?
Pour déi Lénk, l'occasion était pourtant belle dans une ville dont les prix de l'immobilier ont désormais dépassé ceux de Paris. Des tarifs au m2 si prohibitifs qu'ils «chassent les personnes à revenus faibles et moyens, et empêchent notre capitale d’attirer les jeunes diplômés dont elle a pourtant besoin», estiment Guy Foetz et David Wagner. Les deux conseillers rappelant même que le coût de l'immobilier nuit à l'attractivité de Luxembourg auprès des fonctionnaires européens avec, même, des délocalisations d'agences du Grand-Duché vers Bruxelles...
Contraire aux intérêts de la Ville
Déjà fin 2019, l'opposition communale avait exigé que l’Hôtel des Postes, «construit avec l’argent du contribuable», continue à servir un intérêt public. Et les deux élus de proposer que l'endroit abrite logements sociaux et/ou étudiants, locaux pour associations et pour organismes culturels, salles de conférences et ateliers pour artistes. Alors que l'autorisation de bâtir n'a pas encore été délivrée, faire machine arrière est donc demandé.
Et c'est sur le ministre de l’Economie, le socialiste Franz Fayot, que le groupe déi Lenk fait désormais pression. Et cela afin qu'il exerce une tutelle sur Post, entreprise à 100% publique, «pour stopper net ce projet contraire aux intérêts sociaux et économiques de la Ville de Luxembourg et du pays, y compris des autres établissements hôteliers déjà lourdement éprouvés par la crise du covid». Pas certain, là encore, que l'appel sera entendu. Au cas où, reste à frapper à la porte du ministre du Logement. Après tout, Henri Kox (Déi Gréng) ne veut-il pas développer l'habitat social ou mixte partout dans le pays pour faire baisser la pression immobilière?
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