Des eaux de la Moselle aux rives camerounaises
Des eaux de la Moselle aux rives camerounaises
(pj avec Irina FIGUT) C'est plus qu'un vieux ferry qui s'apprête à quitter le pays, c'est un pan d'histoire. Car même si depuis 2017 la Sankta Maria ne navigue plus sur la Moselle, entre Grand-Duché et Allemagne, le bateau est ancré dans bien des mémoires. Il est vrai que le navire a fait ses allers-retours pendant un peu plus de cinq décennies...
Depuis quatre ans, c'est un engin électrique qui a remplacé le diesel poussif que la population avait fini par surnommer «la vieille dame». Mais demain le bâtiment à fond plat va trouver un autre nom, un autre port d'attache et une autre fonction aussi. Le voilà en effet offert à Ngoyla, une commune d'environ 4.000 habitants située au Cameroun. Dans le Sud-Est du pays, il goûtera donc bientôt aux remous de la rivière Mié.
A l'arrêt depuis plusieurs années sur le quai de Wasserliesch en Allemagne, la Sankta Maria va donc connaître une retraite active. Mais avant d'apprécier les eaux chaudes de l'Afrique, c'est au port de Mertert qu'a commencé son long périple. Une expédition dont la première halte sera Anvers, en Belgique. Tranquillement installé sur un porte-conteneurs spécial, le bateau mettra alors cap au Sud et il devrait atteindre le bon port, «début septembre» annonce Jens Hofmann de Kühne+Nagel.
«Nous disons au revoir au ferry les larmes aux yeux»
Jérôme Laurent, bourgmestre de Mertert-Wasserbillig
Voilà déjà deux ans que la société spécialisée dans la logistique prépare le transport de ce fret inédit... et lourd de 38 tonnes. «Mais l'opération a été reportée à plusieurs reprises, soit pour des motifs organisationnels, soit en raison de la crise covid sur le globe. Maintenant, tout semble bien engagé et d'ici deux mois les habitants de Ngoyla n'auront plus à faire de longs détours, emprunter d'improbables embarcations ou se risquer à nager dans la rivière qui traverse leur commune, dans une zone sans bac, ni pont.
«Nous disons au revoir au ferry les larmes aux yeux», témoignait Jérôme Laurent, bourgmestre de Mertert-Wasserbillig à l'heure de voir la Sankta Maria quitter Mertert, et le Luxembourg. Et les souvenirs de remonter à la surface autour du bateau qui, bon an mal an, transportait en moyenne 65.800 voitures par an et jusqu'à 142.500 passagers d'une rive à l'autre, d'un pays à l'autre. «Il ne mérite pas d'être mis au rebut«, déclare d'ailleurs le passeur Dieter Feldmann. Lui qui a tenu la barre de la Sankta Maria est même formel : «Ce ferry peut encore naviguer 80 bonnes années». Alors, bon vent.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
